3 conseils pour aborder les émotions zèbres de son enfant
L'enfance, le royaume des émotions, des grandes joies et des petits chagrins.
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Les semaines s’enchaînent à une vitesse, confiné à moitié, j’ai “la chance” de pouvoir aller au bureau deux jours par semaine. La joie de retrouver certains collègues au bureau est fortement entachée par le port du masque 8 heures par jour, une vraie tannée quand on doit porter des lunettes (que je ne porte plus, because buée, donc migraines) et enchaîner les Zooms avec des gens restés dans leur salon, qui eux n’en portent pas (mais sont enfermés). Les rues sont désertes quand je repars le soir chez moi à 18H30 et je me demande comment font certaines jeunes femmes pour ne pas se sentir mal à l’aise quand moi, parfois, je me surprends à regarder derrière pour savoir si je suis seul ou pas.
Drôle d’époque.
J’ai décidé - sur un coup de tête - qu’il y aurait un effet rebond à mon déconfinement, peut-être comme vous et des millions d’autres, un sursaut vital en tout cas, que cette fois-ci, j’allais en découdre avec la Vie. C’est depuis qu’on m’a enlevé ce qui étaient les cerises sur mon unique gateau que je réalise à quel point j’avais en fait sur ma table plusieurs beaux gateaux dont je ne consommais pas en pleine conscience les saveurs.
Aller au cinéma, faire la queue pour une exposition, passer la porte d’un petit musée oublié à deux heures de Paris, attendre que les lumières d’un concert s’éteignent, marcher dans le parc d’un chateau, boire un café avec une amie sous le brasero pas écolo d’une terrasse, marcher sans masque le nez au vent, voilà ma vie telle que je l’aimais.
Je regrette moins de ne pas prendre l’avion, de ne pas rêver d’aller à Séoul, Florence ou Boston, de noter les périodes de soldes sur mon agenda ou d’aller faire du shopping vite fait parce qu’il me faut une nouvelle paire de chaussures. Il faut dire que j’ai bien profité de tout cela quand j’avais plus les moyens, à une époque pas si lointaine où acheter me rassurait (provisoirement), où pour moi voyager loin signifiait voyager mieux et où le mouvement pour le mouvement était mon credo. Ne pas jouir des choses, juste les accumuler. Quelle folie.
Moins mais mieux, plus proche et plus qualitatif, du vrai, du sens et surtout, surtout du lien social, des amis, des accolades, des bises, des mains posées sur les épaules, des séances ciné côté à côté, des “je passe te voir à midi” comme ça, pour rien. Je deviens fou à n’être plus touché par mes proches;
Voilà mon programme.
Myriam Haegel (Rédactrice en Chef de Madmoizelle) aujourd’hui nous parle des émotions chez les enfants et de comment les gérer. Je ne vous parlerai pas des miennes, je tente de les anesthésier depuis quelques semaines, pour supporter tout ça. Un Français sur 5 est en pleine dépression. Vous qui me lisez, vous faites partie des quatre restants ?
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3 conseils pour aborder les émotions de son enfant zèbre
Les émotions des enfants, quel vaste sujet ! On le sait, les plus jeunes ont un univers émotionnel extrêmement fertile, riche en symboles, en non-dits, en sentiments parfois trop complexes pour être exprimés avec leur vocabulaire encore en cours de construction.
Même si la tâche peut s’avérer compliquée, il est essentiel de pouvoir et de savoir parler des émotions avec son enfant, pour l’aider à les décrypter, à les accepter et à les exprimer. Cela est d’autant plus important pour un jeune zèbre, car on le sait, le haut potentiel s’accompagne d’une sensibilité différente. Plus accrue, plus profonde, cette hypersensibilité peut devenir handicapante si elle n’est pas correctement gérée : l’enfant peut finir par absorber toutes les émotions du monde qui l’entoure, sans savoir les trier ni les comprendre.
En grandissant, beaucoup d’adolescents et d’adultes HQI nient leur hypersensibilité, tentent de l’endormir en gardant leur cerveau occupé ou en abusant de substances lissant ces montagnes russes émotionnelles parfois trop éprouvantes. Quel gâchis d’étouffer ainsi ce qui peut s’avérer être un atout précieux ! Voici donc quelques conseils pour accompagner un enfant zèbre dans la découverte de ces émotions, afin qu’il se sente à l’aise avec lui-même, dans toute sa complexité.
Ne pas minimiser les émotions d’un enfant
Philippe Grimbert, psychanalyste, a été interviewé par Psychologies pour lister 5 clés permettant de développer l’intelligence émotionnelle des enfants. Bien qu’il ne se penche pas spécifiquement sur les jeunes à haut potentiel intellectuel, ses conseils restent précieux, notamment le premier : ne nions pas les émotions des petites filles et des petits garçons !
Face à un enfant zèbre qui ressent vivement une émotion, et d’autant plus lorsque celle-ci est négative, l’encourager à « passer à autre chose » finira par faire plus de mal que de bien. Son amie ne viendra finalement pas goûter ? Pour vous, ce n’est pas la fin du monde, mais pour lui ou elle, c’est un symbole de socialisation, une marque d’acceptation, un repère social qui s’effrite. Il ne prend pas « les choses trop à coeur », il n’« exagère » pas : il a peur, il a de la peine, il ressent profondément un chagrin que son jeune âge ne lui permet pas forcément de comprendre, encore moins d’expliquer.
Plutôt que de choisir à sa place quelles situations méritent une réponse émotionnelle, et avec quelle intensité, il vaut mieux tenter d’expliciter avec lui ce qui se passe dans son cœur : peut-il dire pourquoi il est aussi triste ? Qu’attendait-il de ce moment ? Qu’espérait-il ? S’était-il projeté ? Est-ce que ça lui rappelle un autre moment dont il voudrait parler ? Cela permettra à l’enfant de se sentir écouté, respecté, et de faire son chemin pour intégrer tranquillement ses émotions.
Ne pas reprocher à un enfant ses émotions
Pire encore que nier, il y a bien sûr reprocher. « Tu me fais honte », « C’est moche de pleurer comme ça », « Ressaisis-toi, t’es pas une fillette »… autant de paroles bloquantes qui peuvent développer chez l’enfant une honte de sa sensibilité.
Faisons preuve d’empathie : lorsque nous ressentons de vives émotions, apprécions-nous qu’on nous dise de les cacher ? Pas du tout ! Nous avons besoin de nous sentir écoutés et respectés. Ce n’est pas différent pour les plus jeunes.
Bien sûr, les adultes, les parents ont aussi leur sensibilité et leurs limites. On peut se sentir poussé à bout, perdre patience, personne n’est parfait. Mais reprocher à un enfant d’être comme il est n’a jamais rien donné. Mieux vaut s’isoler, si possible, pour se calmer, et revenir discuter à tête reposée.
De l’importance de nommer ses émotions
Il paraît que « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement ». Pour parler de ses émotions, il faut savoir les identifier et les nommer — ce qui est déjà loin d’être facile pour tous les adultes, alors imaginez pour les enfants !
Les jeunes HQI accepteront d’autant mieux leur sensibilité qu’ils la comprennent, tout comme il est plus simple d’accepter d’avoir le nez qui coule lorsqu’on a intégré l’utilité de cette manifestation physique. Il est donc essentiel de les guider vers l’identification de leurs émotions, en commençant par… leur donner des noms.
La psychothérapeute Isabelle Filliozat insiste sur ce point, toujours pour Psychologies :
« Ce qu’il est possible de faire en tant que parent, c’est réguler nos émotions à haute voix. Nous gagnons à faire à haute voix ce que nous faisons automatiquement. Il faut exprimer ce que l’on ressent. Par exemple, nous allons dire : « Oh le feu rouge, qu’est-ce-que ça m’énerve, j’ai envie d’appuyer sur l’accélérateur ! Mais je vais plutôt respirer ». Et là, on se met à respirer tranquillement. On se calme.
Plus on va expliciter nos émotions devant l’enfant, expliciter notre vécu, mieux on va les aider à réguler leurs émotions. »
En plus d’aider l’enfant à reconnaître les émotions, cette petite méthode est également une merveille d’introspection qui vous permettra, vous aussi, d’aborder ce que vous ressentez plus sereinement en prenant le temps de vous analyser et de vous comprendre. Win-win, comme on dit !
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Merci, Myriam. À venir, donc, des concours de Noël pour gagner des livres (sur la thématique des enfants, des émotions, de l’hypersensibilité, évidemment), des interviews, des moments de down et de up, la vie, la vraie quoi :)
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