Avec le temps...
Un vieil ami, au téléphone, hier, très ému : “C’est fini. Mon mariage est foutu. On se sépare pour de bon. 18 ans de vie commune. Je vais avoir 50 ans dans un mois. Je ne m’en remettrai jamais… Si, si, je le sais, je ne m’en remettrai jamais…”
Une phrase que je connais bien pour l’avoir prononcée mille fois il y a six ans, lors de ma propre rupture, après douze années passées de couple et mille souvenirs communs (je raconte cette période dans mon livre “Il en faut peu”). 2015 fut mon annus horibilis, la pire année de ma vie et j’ai pensé plusieurs fois que j’allais crever de tristesse ou me laisser mourir de faim, ce qui n’est hélas jamais arrivé, je fais partie des gens qui mangent quand ils souffrent. Et qui mangent quand ils sont heureux. Rien ne me coupe l’appétit !
2015 commença pour moi avec la tuerie de Charlie. Je travaillais chez Canal + dans une rédaction et j’avais eu accès à bien trop d’images qui heureusement ne furent jamais mises à l’antenne. J’habitais alors à 300 mètres de l’Hyper Casher. Double peine. Rentrer chez soi entouré de gyrophares, de gens en larmes, de flics dépassés et fouiller toutes les armoires à pharmacie de la maison pour trouver de quoi dormir à poings fermés, se réveiller en ayant oublié et allumer la télé avant de replonger dans le drame.
Nous nous étions séparés quelques mois plus tard, à la mi-mai et j’avais emménagé dans un petit appartement sombre et humide, d’où j’entendais tous les bruits de la rue. Ma carte bancaire avait été bloquée peu de temps après : plus un rond sur mon compte entre le déménagement, les 3 loyers d’avance et tout le reste…