De l'Amour, oh de l'Amour
C’est dingue, les élèves, on a beau leur dire les choses une fois, expliquer une seconde, afficher les consignes au tableau, demander s’il y a des questions et puis y répondre et il y aura toujours un ou une personne à la fin qui vous reposera la question à laquelle vous avez déjà répondu trois fois.
Comme m’a dit un premier enseignant : “Lois Universelles de l’Éducation numéro 231” et comme m’a dit un second : “Au moins, ils veulent bien faire, s’ils te posent la question, c’est qu’ils ont l’habitude de faire plaisir et de rendre un travail impeccable”. C’est vrai. J’ai de la chance, mes élèves font partie de la crème de la crème, mention TB, notes frôlant les 20 et commentaires dithyrambiques sur les bulletins scolaires. La rolls pour un enseignant… et très, très demandeur en énergie en même temps. Mes cours sont ultra-préparés, je m’attends à tout et je ne suis pas déçu, j’ai droit à des retours souvent superbes pendant mes cours que je n’avais pas vu arriver. Ils sont forts. Je ressors de ma journée lessivé. Par terre. Et la tête pleine de mots d’anglais que je tente d’évacuer le temps du trajet du retour. Enseigner en langue étrangère, c’est mon sport à moi.
J’aimerais vous parler d’une histoire d’amour qui finit bien aujourd’hui. Je sais que je pense souvent “Non, il ne quittera jamais sa femme pour vous” quand j’entends les amantes pleurer dans mon cabinet sur leur homme marié qui promet de partir et de quitter enfants, femme et confortable appartement pour elles et que ça dure depuis des années, voire même quinze ans et qu’elles y croient encore. Je me garde bien de leur dire, évidemment, même si au fond de moi (pour avoir été une ou deux fois le salaud qui va voir ailleurs et promet qu’il va quitter son mec mais qui ne le fait jamais) je n’en pense pas moins.
J’ai une amie qui est tombée amoureuse au bureau d’un homme marié, père de deux enfants. Red flag alert : no zob in job, non mais allô quoi. Ils se sont tournés autour, se sont embrassés, ont entamé une liaison secrète et vécu pendant quelques années dans le péché. Spoiler alert : à la fin, il a quitté sa femme, demandé le divorce et il est parti vivre avec elle. Ils ont presque le même âge, petite quarantaine tous les deux, presque le même job et éprouvent un amour fou l’un pour l’autre qui jaillit de toutes les photos où on les voit ensemble.
Est-ce que je croyais au début qu’il allait quitter sa femme pour elle ? Non.
Est-ce que je me suis planté comme une buse ? Oui.
Est-ce que toutes les histoires d’amour sont les mêmes et est-ce que tous les hommes sont des lâches ? (OUIIIIII) : Non.
Il reste encore quelques types bien. Enfin, de mon point de vue, parce que si je me mets 2 secondes dans la peau de la femme qu’il a quitté, je présume qu’elle goute moins mon histoire. Mais moi je suis Team l’Amour Vaincra. Indécrottable romantique et je ne vous dis pas ça parce que la Saint Valentin, c’est mardi.
Oui, c’est une fête commerciale et alors ? Oui, vous trouvez ça nul et alors ? Oui, vous êtes peut-être seul(e) comme un chien et vous allez vous ouvrir une bouteille de rouge et un paquet de chips familial en regardant Bridget Jones sur TMC (film qui démarre à 21h20, les mecs sont devenus fous, à la télé, on bosse le lendemain, nous, vous êtes au courant ?).
Moi, j’aime la Saint Valentin. J’aime les petites attentions et les petits cadeaux toute l’année (pour réussir son histoire, selon moi, il faut 1) se manquer régulièrement 2) s’offrir des petits cadeaux 3) surprendre l’adversaire, toujours) mais j’aime encore plus la Saint Valentin que je trouve trop cute.
Nous allons fêter notre cinquième Saint Valentin ensemble et je ne rentre jamais trop dans les détails quand il s’agit de ma vie privée mais… J’aimerais juste vous rappeler qu’un petit bouquet de fleur, qu’un petit post-it avec trois mots sur le frigo, qu’une petite attention, un petit geste, feront plus pour votre couple que toutes les promesses du monde qui s’en vont dans les airs et ne changent rien au fond entre vous.
Les petits actes, pas les grandes paroles.
(Et parfois les grands actes comme louer une camionnette et l’aider à déménager sur 4 étages sans ascenseur. Mais c’est une toute autre histoire)
J’aime beaucoup cette phrase de Guitry qui disait : “On quitte quelqu’un pour les mêmes raisons qu’on l’a aimé…” car je la trouve tellement, tellement (in)juste.
Pour retarder le plus tard possible le moment où on devra se quitter - car presque toutes les histoires se finissent un jour - je crois qu’il faut retrouver un peu chaque jour et pas uniquement à la Saint Valentin cette énergie vitale qui était la notre lorsque nous avons rencontré l’autre. Et dans cette joie, il y avait du bonheur mais aussi du partage, l’envie de l’épater et l’envie de le voir sourire.
Si vous ne savez pas quoi lui offrir, vous savez forcément ce qui le fait sourire. Forcément. Alors, n’hésitez pas à jouer cette carte-là. C’est de sourire qui rend heureux et non l’inverse, n’oubliez jamais.
Je vous embrasse,
William