Faut-il faire tester son enfant à tout prix ?
La différence est-elle uniquement une souffrance ? Un résultat de test peut-il à lui seul éclairer les prochains pas de votre enfant...ou les vôtres ?
Pour lire notre dernier article réservé aux abonnés “Je souffre de voir mon enfant souffrir”, c’est par ici.
Bonjour !
Hier soir, face au couple que je recevais (je suis médiateur / thérapeute de couple depuis quelques années déjà, une activité que je trouve…apaisante…) j’ai entendu cette phrase, la millième fois depuis mon propre diagnostic, dans la bouche de Monsieur :
- Mais c’est des conneries, tout ça, les zèbres, les surdoués, ça m’intéresse pas, c’est son truc à elle, elle lit plein de bouquins là-dessus, elle fait la fortune des libraires mais moi je refuse de rentrer là-dedans. Je suis comme je suis, je n’ai pas besoin d’une étiquette pour être heureux.
Madame le coupe :
- Tu es pourtant clairement hypersensible. Admets-le.
- Oui, et alors ? Ça change quoi qu’un psy me le dise ? On va payer 340 euros pour un test de QI et après demain je retourne au bureau avec qui je suis et ce que je suis.
J’ai dû intervenir, avec les mêmes mots que j’utilise à chaque fois :
- Je suis à moitié d’accord avec vous. C’est vrai que personne n’aime les étiquettes, personne. Et vivre avec une étiquette, ça veut dire rentrer dans une case. Et ça aussi, pas grand monde n’aime ça. Sauf les enfants porteurs d’une maladie orpheline inconnue, peut-être. Mais le gros avantage de savoir qui on est, c’est surtout qu’on peut apprendre comment on fonctionne. Et si, je dis bien si, vous êtes hypersensible et zèbre, ce que je ne sais pas, vous êtes très soucieux de la justice, vous êtes plus susceptible que la moyenne et vos émotions sont décuplées. En partant du principe que ce tableau vous parle et que vous l’acceptez dans le cadre de notre séance, regardons maintenant comment démarrent vos disputes de couple, la raison même de votre consultation.
Le reste de l’échange nous regarde :)
L’intérêt principal du diagnostic ? C’est comme l’intérêt d’enfiler ses baskets pour aller courir quand il pleut : on se sent mieux après, une fois que c’est fini.
Vous êtes parent, l’inaptitude, le trop plein de sensibilité ou la surdouance de votre enfant vous inquiète ? La vôtre aussi, peut-être ? Lisez le texte qui va suivre.
Je vous rappelle un des principes de Parents de Zèbres : nous vous donnons des éléments de réflexion, jamais des réponses toutes faites. Ce n’est pas un diagnostic minute gratuit, comme vous pouvez les trouver un peu partout sur les groupes Facebook existants. Je n’ai rien contre, je ne juge pas : ils ont toute leur utilité, aussi. Mais ici, c’est sur le long terme que nous travaillons et réfléchissons ensemble, en donnant la parole à chaque personne, qu’elle soit pour ou contre, en longueur.
Nous aborderons dans les prochaines semaines ici trois points importants : le fait que les tests soient payants (et chers !!) et que “seuls les riches” ont les moyens de faire diagnostiquer leur enfant. La solitude des enseignants face aux enfants précoces assis dans la classe. Et le fait que, pour aider son enfant et s’aider soi-même, tout comme au jogging, c’est le premier pas qui est essentiel, mais c’est l’assiduité qui compte ; à savoir comprendre comment on court, avec quelles chaussures, dans quelles conditions, comment s’exercer pour s’améliorer et courir plus vite, mieux et plus longtemps.
Je déteste courir mais j’adore l’état dans lequel je reviens.
En attendant, je passe le bâton de parole à Daisy Lorenzo.
Nous écrire : parentsdezèbresATgmail.com
Faut-il faire passer un test à mes enfants (et à moi-même) ?
Par Daisy Lorenzo
Comme de nombreux adultes zèbres, je suis majoritairement entourée d’autres créatures à rayures. Pourtant, la plupart de mes amis n’ont jamais passé de test pour évaluer leur douance, et toutes et tous m’ont demandé, au moins une fois, si cela était nécessaire.
Ma réponse est toujours la même : « Si tu en ressens le besoin. »
Sa différence est-elle une souffrance ?
Il en va de même pour les parents qui s’interrogent au sujet de leurs enfants. Faut-il ou non, leur faire passer un test ? Certains parents craignent de mettre leur enfant « dans une case » s’il est diagnostiqué haut-potentiel. De lui accoler une « étiquette » qui signifiera sa différence. Pourtant, étiquette ou non, la différence est souvent criante et c’est généralement le fait de l’ignorer qui crée la souffrance.
L’intérêt principal des tests de QI (WISC pour les enfants et WAIS pour les adultes) est de pouvoir mettre un nom sur cette différence. De reconnaître et d’apprivoiser sa spécificité. Comme l’écrit Chloé Romengas dans les premières pages de « Rayures et Ratures », « nous sommes tous différents, mais certains plus que d’autres, et s’intégrer quand on se sent différent, ce n’est pas chose facile. Surtout à l’école (…) Là où les zèbres ont de la chance, c’est qu’il y a un mot pour exprimer leur différence. »
Permettre aux autres et à soi-même de se comprendre
De nombreux indices peuvent amener un parent à penser que son enfant puisse être un zèbre : ses questions qui ne sont pas de son âge ; son besoin constant de comprendre « pourquoi » et « comment » ; son rapport compliqué à ses camarades de classes, ou encore son ennui à l’école malgré de réelles capacités. Quand ce n’est pas sa propre hypersensibilité et sa pensée en arborescence, que l’on a pris soin de camoufler depuis des années.
Quels que soient les premiers indices, faire passer un test à un enfant qui commence à se sentir « trop » cela, ou « pas assez » ceci, à un double bénéfice. Celui de permettre au monde scolaire de prendre en compte cette différence. Et celui, pour l’enfant, de commencer à se comprendre. De réaliser qu’il n’est pas seul, mais au contraire, qu’il appartient à une petite communauté. De comprendre son mode de fonctionnement, et de réaliser, qu’il peut aussi s’agir d’une chance.
Grandir en cohérence avec soi-même
Beaucoup d’adultes à haut potentiels diagnostiqués sur le tard racontent un avant et un après. Parce qu’apprendre sa douance leur a permis d’être enfin en cohérence avec eux-mêmes. Passer un test dans l’enfance ou l’adolescence, permet de la même façon de grandir aligné avec soi.
Pour autant, le test n’est pas un indispensable. Il arrive souvent, fort heureusement, que l’on puisse grandir sereinement avec sa différence. Si l’enfant ne présente pas de difficultés particulières, et que le système éducatif s’adapte sans accro, passer un test peut être superflu.
Quant à la peur d’un résultat qui indiquerait que son enfant n’est pas « haut potentiel » (au-delà de 130 de QI), là aussi, elle doit être rapidement balayée. Le test dessine, dans tous les cas, les principaux traits de personnalité et reste un formidable outil d’auto-compréhension.
Merci, Daisy.
J’ai lu cette semaine une phrase formidable répondant à une de mes questions essentielles : pourquoi le temps passe-t-il si vite après 30 ans ? Je vous la livre :
“Plus nous vieillissons et plus les années passent vite. L’une des hypothèses, rapportée par Science & Avenir en août 2019, est en fait assez logique : lorsque vous avez 2 ans, une année représente la moitié de votre vie. Lorsque vous en avez 30, c’est n’est plus que 1/30 : plus il y aurait de nouvelles données sensorielles à traiter, plus le temps durerait longtemps.”
In Stylist du 22 Octobre 2020.
Cette réponse m’a fait un bien fou.
Je ne sais pas vous, mais l’enchaînement des nouvelles sordides m’entraîne dans une spirale de mal-être dont j’ai du mal à sortir, hypnotisé par mes réseaux sociaux et les nombreux journaux auxquels je suis abonné via mon opérateur téléphonique. J’ai même appris un nouveau mot, cette semaine, résumant l’action de se faire du mal tout seul avec son portable et son pouce, c’est le Doomscrolling.
Les yeux rivés sur l’écran, le doigt qui scrolle sans discontinuer, les informations anxiogènes défilent à l’infini. Jusqu’à l’overdose. Vous connaissez ce sentiment ? Il a un nom : doomscrolling. Le phénomène de consommation excessive d’informations n’est pas nouveau – les chaînes d’information en continu en ont fait leur marque de fabrique – mais à la lumière de la crise du Covid, il prend une nouvelle saveur.
J’ai donc fini par effacer l’App Twitter de mon téléphone. Ouf. Sauvé.
Avant de la remettre cette nuit à 4h du matin car je voulais savoir si Trump allait repasser.
J’ai fini par me rendormir à 7h, en effaçant l’app de nouveau.
Que je remettrai probablement quand mon RER mettra 14 minutes avant d’arriver. Ah, non, je suis bête, nous sommes confinés. C’est vrai, il y a ça, aussi.
Vous savez ce qui me fait tenir ? L’idée que nous mangerons des fruits d’été quand le moment sera venu, quelque soit l’état sanitaire et l’état d’esprit.
Visualisez. Melons, pêches, brugnons, cerises, framboises, abricots. Les couleurs, le goût, la texture, le soleil dehors, la nappe dressée, les avions au loin dans le ciel, l’apéro qui s’éternise, le vent sur le visage, les jambes nues.
Je vous embrasse, il y a un monsieur adorable qui veut vous chanter tout ça, juste en-dessous.
William 🦓
—————————————————————————————
Parents De Zèbres est une newsletter bi-hebdomadaire (Mercredi et Dimanche) crée par William Réjault. Parents de Zèbres parle de rayures, de rayés, de parents dépassés ou heureux et elle met en lumière des interrogations, des lectures, des parcours et des Humains.
Abonnez-vous et résiliez quand vous le souhaitez, comme Netflix. Les abonnés profitent des Q&A, vidéos, podcast et articles en premium. Les 200 premiers abonnés reçoivent un Minimook inédit sur les Enfants Surdoués / Précoces / HPI etc. (que de noms…!)
D’autres articles à découvrir sur Parents de Zèbres :
La maîtresse de ma fille veut qu'on la teste !
J’ai crée le 1er réseau pour femmes hypersensibles !
#HPI #Précoce #Hypersensible