Hélène, une connaissance de Bayonne, a vécu un truc rare qui n’arrive qu’au cinéma. Un avocat lui a téléphoné un jour pour lui annoncer qu’elle était la seule héritière d’un cousin Basque émigré depuis quatre générations en Californie et qu’elle possédait, à 30 ans, si elle le souhaitait, une cinquantaine de petits à moyens commerces entre San Diego et Los Angeles, quelques terres et un bon paquet de millions de dollars. Elle était libre de refuser. Les droits de succession étaient plus que conséquents pour une étrangère mais il existait une astuce légale pour les contourner en grande partie.
Depuis le décès de ses parents, Hélène avait tout misé sur son couple et formait avec son mari une équipe hors-du-commun qui ne pouvait pas avoir d’enfant. Elle en parlait très peu et en tout cas jamais en se plaignant. Elle bossait depuis que je la croisais dans la vente, commerciale dans le secteur pharmaceutique, sur le terrain, mais elle était surtout réputée dans notre cercle élargi pour ses talents en pâtisserie. Quand il y avait un gâteau à faire pour un anniversaire, un enterrement de vie de garçon ou toute autre occasion spéciale, tout le monde lui demandait de penser à un truc. Elle n’aimait pas se faire payer et acceptait à contre-coeur un petit quelque chose de très, très symbolique.
Évidemment, tout se sait, même dans une grande ville de la côte Basque et le bruit courut très vite qu’elle était devenue “milliardaire” (les gens aiment exagérer !) et qu’elle n’aurait plus jamais besoin de travailler. Ah. Je ne la connaissais pas assez pour oser lui demander frontalement ce qu’elle comptait faire ou le nombre de porte-avions qu’elle pouvait désormais s’offrir mais son premier (et unique à ce jour) choix personnel me stupéfia.