L' histoire de la bombe lacrymo
Je ne pars jamais, depuis quelques mois, sans ma bombe lacrymo dans ma poche. Elle me manque sacrément quand je dois prendre l’avion (rarement) et elle me vaut quelques regards amusés des gardiens dans certains endroits où on doit vider ses poches comme au Musée d’Orsay mais jamais, jusqu’à présent, on ne me l’a confisquée.
Il ne me serait pas venu à l’idée d’en avoir une sur moi avant (NDLR : merci de définir “avant”) mais j’en ai eu ras-le-bol, à la 652ème attaque au couteau dans Paris et ailleurs de me dire que je devais faire attention en permanence quand je prenais le métro. Ou le train. Ou le RER. Ou que j’allais faire des courses. Ou quand j’avais rendez-vous pour un détartage. J’ai fait ce que les gens qui ont eu des cours en école de commerce ou fait médecine appellent, je crois, un rapport bénéfice-risque et je me suis dit que la probabilité d’une attaque à l’arme automatique étant infiniment plus faible qu’aux USA, autant réellement s’équiper en conséquence, même si tous les spécialistes s’accordent pour dire qu’en cas d’attaque au couteau, il vaut mieux fuir en courant, pour ne pas être paralysé par la peur. Mais, parfois, on est acculé dans un coin. Alors, dans ma poche, j’ai prévu le petit pschiit magique qui peut me faire gagner 15 secondes de sprint-time (pas plus, vu mon état physique général).
Et je peux vous dire que, pour l’avoir essayé sur moi quand j’avais 16 ans, c’est sacrément efficace, comme répulsif à idiots. Nous étions dans le Kent, en famille d’accueil Anglaise et mon colloc se promenait partout avec son pepper spray. Pour tester, “juste pour voir”, j’avais appuyé deux secondes sur le bouton en tendant le nez en avant. Dans notre chambre du rdc. Le bouton, une fois enclenché, ne s’arrêtait pas d’asperger le contenu. On le savait pas. On avait dû :
Évacuer toute la maison pendant une demi-journée
M’envoyer aux urgences pour brûlure et crise d’asthme
Me séparer du père de famille Anglais qui voulait m’étrangler pour avoir tenté d’asphyxier toute sa baraque, sa femme et ses deux fils ados.
Me changer de famille en urgence.
Ça va, si on peut pas tester le produit avant d’acheter, moi je dis à quoi sert de vivre libre, hein ? Moralité, que celui qui s’approche de moi avec la ferme intention de me poignarder se méfie : je ne me laisserai pas faire et je tâcherai de viser son visage au lieu du mien. Car, oui, cette éventualité est tout à fait possible comme m’a rappelé le vendeur de spray péperisé dans la boutique : “N’oubliez pas de viser le type avec le côté rouge du spray et pas votre visage à vous, comme ça arrive souvent…”
Tu penses bien que ça me hante depuis.