Un des trucs les plus fréquents, quand on vieillit, c’est cette propension assez magique à se casser la figure de plus en plus souvent et bien évidemment dans les zones où il n’y a pas de moquette ou de sable. J’ai, si vous vous en souvenez, raté trois marches d’un coup en mai, m’abîmant la cheville au-delà du raisonnable un mois avant mon départ pour les USA, cheville que je n’ai pas pu soigner correctement jusqu’à cet été et qui s’est aimablement retordue dix fois depuis.
Cette semaine, je suis descendu à Bordeaux pour le boulot. Il y a encore quelques temps, j’aurais pris la voiture mais n’écoutant que mon courage (et malgré le principe de grève permanente aussi nommée par les employés de la SNCF “Congé Payant”) j’ai préféré choisir le train puis louer un véhicule entre particuliers sur place.
Allant jusqu’au bout de l’aventure, j’ai réservé ce qui restera mon dernier Airbnb à jamais. J’adorais le concept (comme Uber) et c’est devenu n’importe quoi (comme Uber) : plus cher, plus contraignant, plus ubuesque. Facturer des frais de ménage et nous demander de nettoyer quand même, non mais allô, quoi. Les photos avaient l’air sympa, le prix était correct, je ne me sentais pas d’aller au Campanile et bien j’aurais dû.
La fenêtre donnait sur un mur, la VMC faisait un boucan infernal malgré mes bouchons d’oreille, les draps étaient en synthétique qui gratte et, surtout, le lit étant placé en hauteur sur une improbable mezzanine, j’ai bien évidemment totalement oublié que j’étais à deux mètres du sol en plein milieu de la nuit. Envie de faire pipi. Jambe dans le vide, petit élan et hop par terre le chien, deux mètres plus bas, le dos bien râpé par le bord du lit et heureusement retenu par la main droite accrochée à je-ne-sais-quoi. Frayeur, douleur, fureur.
J’ai passé l’âge de ces conneries. Airbnb a flingué le marché des locations dans toutes les villes et surtout dans ma région natale : impossible de trouver un logement décent désormais. Les prix corrects du début sont devenus bien plus élevés et il faut télécharger une brochure pour accéder au lieu, ce que je n’avais pas fait, ce qui n’était pas évident sur mon smartphone et ce qui m’agaçait au plus haut point, dans la rue, sous la pluie battante, alors que le propriétaire au téléphone me donnait une leçon, encore plus agacé que moi qu’on lui demande à chaque location les mêmes renseignements. C’est donc bien qu’il les explique mal, non ?
La “télé connectée” ne recevait que Youtube et je ne savais pas comment “caster” depuis mon iPad, le wifi était famélique et comme j’étais sous le pont d’Aquitaine ou presque, la 4G avait posé ses RTT. Oui, je suis devenu un vieux con, un boomer, un has-been mais je veux juste pouvoir regarder France 5 à 19h sans me prendre la tête pendant vingt minutes pour savoir comment on fait. C’est quand même pas la lune, non ?
Un rouleau de PQ pour trois jours, une fiole de gel douche tenant dans la main, j’étais agacé par ma bêtise et à deux doigts de tout planter pour partir à l’hôtel mais comme j’avais payé, je suis resté. J’ai dû nettoyer, laver, sortir les poubelles avant de partir bosser le troisième jour : NEVER AGAIN.
Quand ça devient une corvée, faut plus réfléchir. Je suis revenu chez G7, les taxis Parisiens qui désormais prennent tous la CB, ne parlent plus de leur vote raciste et font un peu plus attention à vous. Je ne commande plus sur UberEats ou Deliveroo car exploiter des sans-papiers me gêne à mort (pas besoin d’expliquer, je pense). J’évite de me faire livrer les courses à domicile. J’évite autant que faire se peut Amazon (tout sauf une corvée, ils sont magiques mais le dernier kilomètre avec un mec stressé, intérimaire, dans une camionnette sous-louée à un sous-loueur, tout ça pour économiser 34 centimes et jeter le carton dix secondes après l’avoir reçu, non merci) et je ne note pas l’état des toilettes quand on me le demande, au passage.
Mais sinon ça va super, hein. J’ai adoré ma semaine : il a fait presque beau à Bordeaux, je me suis trouvé une paire de Veja au magasin Outlet Veja de Darwin (le seul de France), j’ai formé des gens d’une humanité rare, j’ai commencé le livre de Géraldine Dormoy (l’Âge Bête), j’ai fini Westworld Saison 4 en y comprenant à peu près tout, le miracle, écouté le dernier album de Polnareff “unplugged”, je me suis promené avec mon amoureux, j’ai déniché une belle photo en N&B que je vais faire encadrer, j’ai écouté le podcast quotidien que nous avons enregistré avec Fabrice Florent sans me trouver trop bête, j’ai vu ma psy pour une séance d’EMDR hyper-efficace et j’ai commencé, je crois, à me faire un nouvel ami, ce qui ne m’arrive pas tous les jours ! Une belle semaine bien remplie comme on aimerait en voir plus souvent.
Demain, départ dans les Vosges. Je vais découvrir la place Saint Stanislas. Je vous embrasse sur les deux joues et vous laisse sur ce proverbe Serbe : “Mieux vaut gagner dans le commerce de paille que perdre dans celui de l'or."
William
Petit conseil, on ne sait jamais... Les pavés de la place Stan peuvent être glissants par temps de pluie... 😉
Tu me fais bien rire et je suis un peu comme toi Uber poubelle vive G7 etc.😘