Encore une semaine filant à la vitesse de l’éclair. Je me suis promis d’envoyer ma newsletter chaque vendredi lorsque je l’ai lancée mais je m’étais également promis d’en envoyer deux par semaine (vous trouviez que c’était beaucoup) et tant d’autres choses qui ressemblent plus à des injonctions qu’à du bonheur. J’ai besoin d’être doux avec moi-même : j’écris donc ce matin, à la fraîche, parce que c’est enfin le bon moment.
Quelques notes prises au cours de mes journées :
Formidable réunion d’équipe : pour la première fois le dirigeant exprime ses besoins et, pour la première fois également, chaque membre de l’équipe formule les siens. Un moment rare et fort, que j’accompagne, un peu ému. Je me rends compte que quelque chose de puissant vient de se déclencher, quelque chose de timide et de fragile, aussi, car la confiance ça se gagne par gouttes et ça se perd par litres. Heureux d’être là, d’être le témoin et le guide discret de ce qui est en train de naître. Nous déjeunons dehors, à l’ombre, pas de doute, je crois que je me sens très bien.
Ne plus jamais mégoter sur l’hôtel pour économiser 30 euros. Une literie de qualité, ça change un homme. Mais le secret, c’est d’emporter son propre oreiller à mémoire de forme. Je me paye une sale raideur dans la nuque depuis quinze jours à cause d’un oreiller trop mou dans un hôtel sans âme.
L’ostéo me fait remarquer que je ne suis pas venu depuis un an et constate que je souffre effectivement de la nuque, du dos et de la mâchoire. Même constat à chaque fois : pourquoi je ne fais pas plus attention à mon corps ? Pourquoi j’emmène ma voiture au garage dès qu’un voyant s’allume alors que je retarde toujours pour moi jusqu’à la dernière seconde la même chose ? Il travaille pendant une heure dans la bonne humeur. Il est doux, il est sain, il fait ce qu’il peut mais je devrai revenir dans dix jours, je le sens. J’ai trop tardé.
Hallucinante séance chez l’addicto. Jamais rencontré un médecin comme ça. D’une douceur et d’une précision dans ses questions, wow. À l’opposé de ce que j’ai connu dans le passé. Nous revenons sur l’exercice de la semaine : parler de ses émotions, les écrire, expliquer à quoi elles ont conduit. Échos immédiats avec mes formations, souvenir d’une salariée paralysée par la tristesse, ne pouvant poser les mots, s’étouffant de sanglots au moment de raconter sa souffrance professionnelle. Le groupe ne dit rien et attend en silence mais rien ne peut sortir et pour cause : si elle parle, elle s’écroule. Ce qui ne s’exprime pas s’imprime comme je dis souvent et elle choisit d’écrire sur une feuille les phrases qui ne peuvent pas sortir. Elle me la tend. Je lui demande ce que je dois en faire : la lire aux autres ? La garder pour moi ? Non, elle me demande de la brûler. Nous sommes à la Défense, près de la Grande Arche et nous partons tous les deux, armés d’un petit briquet, chercher un coin tranquille sur la dalle pour allumer un (tout petit) feu. La patrouille VigiPirate qui bien sûr finit par nous voir nous regarde étrangement mais tout cela ne dure que quelques secondes. Nous remontons, elle a l’air d’avoir perdu dix ans. Je ne sais pas ce qui est écrit sur la feuille et je ne le saurai jamais. “À quoi je sers ?” demandait Mylène. Probablement à ça, encore et toujours : à décharger les autres de leur poids, à accompagner, à soigner. Je ne le cherche pas, je ne me pose pas en sauveur, ça me vient comme ça car c’est ça que je sais faire le mieux. Et ça marche. Je ne sais même pas pourquoi.
Un homme poignarde des enfants à Annecy. Je ressens dans mon ventre une colère et une angoisse folle que je décide d’accepter car elles ont leur légitimité. Au lieu de me ruer sur de la bouffe, j’opte pour quelques minutes de cohérence cardiaque dans les toilettes, à l’abri des regards. L’évènement reprend sa juste place dans mon coeur et je poursuis ma journée. Je revis depuis que je pratique la cohérence cardiaque…
Série ultra-violente sur Canal +, “Gangs of London” qui me surprend par son réalisme et sa cruauté. Je me cramponne au fauteuil quand le héros se bagarre tant j’ai rarement vu (et j’en ai vu !!) au cinéma ou à la télé des scènes de baston réellement inquiétantes. Là, oui. Je tremble pour le type. J’ai peur.
Répugné et agacé par “Les éclats” de Brett Easton Ellis. Je lis un roman par an et, depuis l’arrivée des écrans, je ne peux dépasser 25 pages à la fois, ce qui me rend triste. J’ai le souvenir d’avoir dévoré bien souvent des 700 pages en deux journées marathon dans les années 80 : j’en serais bien incapable aujourd’hui. Répugné car le sujet du livre révèle une fois de plus la psyché cradingue de son auteur (ou son talent ou les deux) mais agacé car cet énième histoire se passant au lycée me saoule. Je zappe systématiquement toute série se passant dans un lycée américain (avec les clichés habituels : la sonnerie de fin de cours, les casiers, le harcèlement, le sexe….) car la vie est trop courte et j’en ai vu assez sur ce sujet. Je n’avais pas pensé à checker le thème avant d’acheter l’ouvrage : mauvaise idée. Je reste vaguement en haleine entre deux scènes de cul, deux scènes de violence et deux description de morceaux de musique que je n’écouterai probablement jamais. J’en reviens à ma résolution : ne lire en papier que des essais, des biographies et des Hors Série du Monde. Dès que je me détourne de ce triptyque, je me fais avoir. J’admire ceux qui prennent du plaisir à lire des romans, moi je ne peux pas rentrer dedans. Je suis devenu mon père qui me disait, quand je regardais des films, “que tout était faux, que ça n’avait pas d’intérêt, qu’il n’y croyait pas, que c’était du cinéma (sic)”. Pareil pour moi désormais : les romans, je ne veux pas rentrer dedans. J’ai l’impression qu’on me vole ma vie, que c’est du chiqué, que c’est du faux. Bizarre. Comme si les biographies racontaient réellement le réel… Lol.
Nous partons à Venise dans 11 jours, la première fois pour moi. Je vais y fêter mes 50 ans, mes 5 ans avec lui et ma première année d’indépendant : le ciel ne m’est pas tombé sur la tête, je ne me suis pas retrouvé à la rue, j’ai continué à trouver des jobs (plus exactement ce sont les jobs qui m’ont trouvé) et je prends un plaisir fou à ne plus bosser pour un patron mais pour moi. À mon rythme. Venise, c’est la cerise sur le gâteau.
Le jeune gars qui a empêché le taré de tuer plus de monde dans le parc d’Annecy faisait un tour de France des Cathédrales et j’ai trouvé que c’était une idée géniale. Il y en a 280. J’adore l’idée. À mon tour. Au boulot. Un livre qui se dessine, peut-être ? Une envie de vivre quelque chose, sûrement.
Comme le chantait Éric Charden, l’été sera chaud, ça se sent déjà. Prenez-soin de vous et buvez plein d’eau. Le coup de chaud, comme le burn-out, d’ailleurs, ça ne prévient pas.
Amitiés,
William
Merci pour votre news letter.
Je vous comprends tellement concernant les Romans, mais avez vous essayé Jim harrisson? Extraordinaire