En discutant avec un jeune psychiatre cette semaine, j’ai appris si tous les antidépresseurs faisaient prendre du poids, ce bon vieux Prozac, non et qu’il était le plus indiqué dans les les troubles du comportement alimentaire. Comme quoi, les vieux pots, les meilleures soupes, vous connaissez l’adage…
Je ne compte plus les personnes de mon entourage sous antidépresseur et encore, je connais uniquement celles qui veulent bien se faire connaître. Ce n’est pas sale, comme on disait dans le temps, mais c’est toujours un peu la honte d’avouer qu’on se fait aider par un peu de chimie. Et pourtant les temps sont durs.
J’ai retrouvé une copine de collège que je n’avais pas croisée depuis 35 ans et qui m’a reconnu de suite, moi ce fut un peu plus long mais son rire n’avait pas changé et son visage pas tant que ça, non plus, dans le fond. Les conversations tournent très vite autour du même sujet quand on croise des gens qu’on n’a pas vu depuis le premier septennat de Mitterrand : qui est vivant, qui est mort, qui est malade, qui “a réussi dans la vie”.
J’ai fini par aller fouiller au grenier pour retrouver la photo de classe et je me suis retrouvé, tout jeune, tout beau, tout mince, tout fragile. J’avais l’air d’être exactement ce que j’étais : un oiseau mal en point tombé du nid. Harcelé, insulté, frappé, menacé quotidiennement au collège, je recroise parfois dans le village des anciens de cette époque qui viennent benoîtement me saluer comme si de rien n’était.
Ni oubli, ni pardon. Je reste cordial mais j’évacue en trois phrases ce que j’ai à dire et je retourne à mes courses (tout le monde se retrouve au Leclerc) en me demandant à chaque fois quelle mouche les pique donc à vouloir à tout prix me saluer ? Culpabilité ? Oubli ? Je ne compte pas le sadisme car je le repérerais vite dans leurs yeux et il n’y en a nulle trace.
Comment peut-on humilier et détruire une personne pendant quatre ans et venir lui demander des nouvelles trente ans après comme si de rien n’était ? Mais qui sont ces gens ? Cela ne me viendrait pas à l’esprit. On m’avait fait remarquer un jour que tout le monde a le droit de changer, que les enfants/ados sont méchants souvent par peur de l’inconnu et que ce n’est une période facile pour personne. Oui et ? Je n’ai harcelé personne quand j’étais ado, désolé, je voulais juste survivre et qu’on me fiche la paix. J’ai croisé quelques rares gars et filles de mon âge qui étaient dans le même esprit que moi, ça existait donc la bienveillance à 13 ans.
J’y reviens : ni oubli, ni pardon (même si aucun d’entre eux ne s’excuse ou ne le fera). “Vous n’avez pas ma haine” mais je n'ai aucune intention de discuter avec vous. La méchanceté est un choix. Et ce n’est pas le mien. J’ai pu paraître hautain, condescendant ou désagréable à certains parfois, comme nous le sommes tous par moment mais j’ai opté pour l’humour, la simplicité dans les rapports humains avec les inconnus et la confiance dans l’immense majorité de ceux que je croise. Jusqu’ici, je n’ai pas été souvent abusé, à part une vilaine canaille Londonienne (surnommée la Mante Religieuse par ses équipes, j’aurais dû écouter les messages reçus en privé) et un escroc dans la formation pour adultes parti avec la caisse et tout l’argent qu’il me devait.
Quand j’enseigne, quand je forme, quand je reçois dans mon cabinet, quand j’écris, quand je papote ou quand je m’intéresse à quelqu’un que je ne connais pas, je pars du principe que tout va bien se passer et que la plupart des humains veulent un toit, le meilleur pour leurs enfants et de quoi gagner dignement leur vie en travaillant. Je suis sûr d’avoir raison. Une petite minorité est frappée du bulbe (et rachète Twitter), une autre petite minorité ne respecte que l’argent ou le pouvoir mais pour nous tous, le reste de l’humanité, nous aimons les choses simples, nos proches et les rapports humains généreux.
Serrons-nous les coudes, je vous le disais, les temps sont durs.
Je vous embrasse,
William
100% vrai...l'espèce humaine est globalement programmée pour être solidaire et empathique car c'est cela qui a conditionné notre survie (cf Quiproquo le génial livre de Malcolm Gladwell) , on a tjrs bcp de mal à concevoir que tout le monde ne soit pas animé d'empathie...nos biais cognitifs ne nous ont pas préparé à cela...