C’est fou, il y a des semaines où il ne se passe rien et des semaines où je ne sais plus où donner de la tête (et oui, il y a 3 fois où dans cette phrase mais je suis fier de savoir encore écrire où avec accent et ou sans accent à mon âge). J’aurais pu échapper à notre rendez-vous mail hebdomadaire par la plus belle excuse du monde : pardon mais j’ai piscine. Mais je suis là.
Car oui, sur une idée à la con de moi, Laetitia a trouvé une piscine et un cours d’aquagym pas loin de chez elle et nous nous sommes donnés rdv hier. C’est marrant comme, de loin, l’idée me semblait puissante tant elle ne réunissait que des avantages : pas de sueur, pas d’effort démesuré, une durée de 40 minutes et la perspective d’un bon petit café/croissant après dans un troquet du 14ème.
Oui mais voilà, quand le réveil a sonné samedi matin, j’ai pas voulu sortir du lit. D’abord la température a chuté en IDF et pas qu’un peu. Je grelottais déjà. Ensuite j’avais plein de boulot en retard et, enfin, l’idée de me taper 25 mn de voiture pour aller nager 40 minutes me semblait hautement ridicule. Un samedi, donc.
À 9h30 du matin dans l’eau, car tel était l’heure du rdv.
J’ai vainement essayé de négocier mais l’Amie Prodigieuse n’a rien voulu savoir : elle s’était déjà levé, elle avait déjà enfilé son maillot et elle était prête, elle.
Fuck. Bon. Douche. Habillage express. Sac de piscine : slip de bain, bonnet obligatoire, serviette et puis voiture, place de parking juste devant, attente à la caisse et descente aux vestiaires. Je crois que ma dernière fois dans une piscine publique remontait aux années 80 (tout début des années 80…) et j’ai commis LA FAUTE DU DÉBUTANT EN ARRIVANT : j’ai enlevé mes chaussures en gardant mes chaussettes aux pieds, marchant ainsi sur un sol généreusement mouillé. Ok.
Ça sera donc un retour avec les pieds trempés. J’avais déjà la moutarde au nez. Le slip de bain Décathlon était atroce et le bonnet bien trop serré. La piscine était moderne, un peu remplie mais pas trop, vu l’heure.
L’Amie Prodigieuse est arrivée tout sourire et j’ai gardé pour moi ma mauvaise humeur (non) et tenté d’oublier que cette idée à la con était de MOI. Nous avons fait quelques longueurs et déjà mon bras me tirait, je souffre d’une tendinite 2.0 au tibia droit depuis fin juin, le kiné me demande d’être patient mais ce n’est pas ma qualité principale, hélas. C’est manger sans appétit, mon plus grand asset.
Il y avait une quinzaine de dames et moi. Le maître nageur a sorti une batterie, des baguettes et une grosse caisse. J’ai ouvert grands les yeux.
Boum TCHAK TCHAK Boum TCHAK TCHAK, en rythme, les vieux, en rythme.
Deuxième faute de débutant, je m’étais mis dans le grand bassin, à côté d’une ligne de nageurs pro qui passaient en dos crawlé toutes les dix secondes derrière moi, j’avais l’impression d’être dans la Manche entre deux ferries P&O, sans l’odeur de frites. Ceux qui savent, savent. Et puis je n’avais pas pied.
Nous avons enchaîné les figures, toutes plus casses-gueules les unes que les autres. Je me pensais enjoué, gracile et fluide comme Esther Williams mais le maître-nageur (une sorte de Philippe Lucas jouant des drums et braillant sur toutes les viei…euh les dam…euh nous) n’arrêtait pas de hurler en me montrant du doigt :
- ON REJOUE LE TITANIC OU QUOI ? QUI C’EST QUI TOUCHE LE FOND ? ALLEZ RACKAM LE ROUGE REMONTE SUR TON DRAKKAR T’AS DU RETARD SUR LES COPINES, AH ELLE EST BELLE LA FRANCE DIESEL, TU RISQUES PAS L’AVC MON BEAU, HEIN, T’INQUIETE DONC PAS DE TROP.
Bref, j’ai ramé.
Mais tout cela n’est rien comparé aux douleurs musculaires (?) du lendemain, alors que je peine à vous écrire ce texte, souffrant dans des zones qui me semblaient alors réservées au plaisir.
Et - bien sûr - en prenant le petit déjeuner ce matin, alerté par l’odeur de chlore venant de l’entrée, je me suis rendu compte que j’avais oublié de vider le sac de la piscine qui macérait dans son jus anti-microbes depuis hier, maillot roulé en boule dans sa serviette trempée. Et, tout bien au fond du sac, oublié là avec le reste, le dossier PAPIER pour la Banque que je dois emmener mardi au rdv pour renégocier mon prêt.
Mieux que “Madame, le chien a mangé la moitié du devoir” voilà que je vais devoir sortir “Laure Manaudou a insisté pour remplir les formulaires depuis le petit bassin”. Mais si, Madame, je vous jure que c’est vrai.
Never again. Ou, plutôt, comme me l’a rappelé l’Amie Prodigieuse, samedi prochain, 9h30 car on a acheté 20 tickets (toujours une idée à la con de moi).
JPP.
Bises douloureuses,
William
PS : je suis passé sur France Inter, dans la matinale, cette semaine :
J’ai bien ri aussi ! Courage ! Et quand on y retourne, on ne fait plus les erreurs du débutant.
Ce n’était peut-être pas agréable, mais le texte est hilarant. Moi, je ne cours pas, mais je ris toute seule. Et cette petite phrase : “elle avait déjà mis son maillot”, qui dit tellement des relations d’amitié et des petites négociations. J’espère que vous allez prendre un abonnement à l’année. Des baisers