Pour les enfants du monde entier 🌀
Attention, j’aborde des thématiques qui pourraient être choquantes si vous êtes sensible à la maltraitance et à l’abus sur les personnes fragiles.
Lors de ma carrière d’infirmier, j’ai vu des médecins maltraiter des enfants, commettre des actes lourdement condamnables. J’ai vu, en tant que soignant, tant de choses que j’ai dénoncé en tremblant. J’ai ensuite vécu avec pendant de longues années. J’ai fini par raconter dans mes trois premiers livres ce que j’avais traversé et le temps a fait son oeuvre. J’ai lentement accepté que je n’étais pas responsable et que la vie était ainsi faite : on traverse des situations qui vous grandissent si vous acceptez de vous lever et de dire Stop. Mais les cicatrices ne s’effacent jamais.
Depuis que je suis en âge d’avoir des amis, des vrais, j’ai, dans mon entourage proche ou moins proche, entendu des amis se confier sur leur enfance et sur les abus qu’ils avaient subi. J’ai été surpris par la fréquence de ces actes et encore plus surpris par le nombre de gens qui m’entouraient à avoir souffert dans leur chair avant de comprendre que nous nous attirions probablement entre nous, émettant des ondes invisibles pour les "moldus”, ondes qui attirent hélas autant les rapaces que les alliés. Nous avions été brisés mais nous tentions de nous recoller comme nous pouvions.
Nous formons ce que j’appelle la Fraternité Kintsugi*. Certains arrivent à transformer leur cicatrices en or, d’autres resteront cassés à jamais, se sentant inutiles aux yeux des autres et trouvant dans la défonce, l’alcool ou toute conduite suicidaire une punition à la hauteur de leur souffrance.
J’ai, ces dernières années, avalé bien des films, livres, articles documentant les abus dans l’église, dans l’école, dans les camps scouts ou le plus souvent dans le cercle nauséabond de la sacro-sainte famille où rien ne doit être dit pour échapper à la honte, et j’en suis ressorti à chaque fois encore plus dégoûté sur un système bien rodé, reproduisant sans cesse les mêmes gestes, détruisant à jamais les victimes qui se sentiraient coupables toute leur vie et permettant aux bourreaux de s’en sortir des années plus tard, dans la plupart des cas, simplement car le temps avait passé. Comme pour les trimestres validant votre retraite, les trimestres de souffrance du gamin que vous avez abusé finissent un jour par vous exonérer d’avoir à rendre des comptes.
La prescription, quel bien joli concept.
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Je souffre beaucoup dans mon corps depuis quelques jours. J’ai tellement mal que je grimace en montant des marches, en éternuant et je me réveille en nage quand je me retourne la nuit.
Le second docteur consulté, mon (vaguement) médecin traitant, m’a dit :
- Oui, oh, c’est une grosse lombalgie. Ça va passer. Perdez du poids. Bougez-vous. Vous avez vu la campagne du Ministère de la Santé ? Lombalgie = Mouvement. Faut se bouger.
- Je fais le max mais j’ai mal. Vous me donnez quoi pour la douleur ?
- Rien, ça masque les symptômes et ça finira bien par passer.
- Docteur, je ne peux pas rester assis plus de dix minutes. Mon boulot c’est d’écrire devant un ordi.
- Écrivez debout ! (il rit)
Je suis sorti furieux. Entendons-nous bien : je devrais perdre du poids pour mon bénéfice et je suis en train de le faire mais je ne vais pas me délester de 20 kilos dans la nuit. Et je devrais faire plus de sport mais je ne vais pas passer de 50 km à vélo par semaine à 500 dans la semaine non plus. Donc, en attendant, je souffre. Et pas qu’un peu. Sur une échelle de un à dix, je suis à 7 dans les pics les plus intenses. Et à 4 le reste du temps. Ce n’est pas rien, merde.
Du coup la 21ème et dernière question sur la Raison d’Être🌀 a raisonné en moi. J’ai associé mon médecin à d’autres puissants du passé, même si tout cela n’a rien à voir, je ne compare pas. Mais son insensibilité a fait remonter d’autres indifférences à ma souffrance et d’autres comportements inadmissibles, parfois commis sous mes yeux, qui n’eurent aucune conséquence pour les ordures.
Ce qui m’emmène à cette dernière question. Et à ma réponse.