Deuxième partie de vie

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Deuxième partie de vie
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Quand une porte se ferme, une fenêtre s'ouvre

Quand une porte se ferme, une fenêtre s'ouvre

Avatar de Beau comme Bowie
Beau comme Bowie
mai 11, 2023
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Deuxième partie de vie
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Quand une porte se ferme, une fenêtre s'ouvre
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Je lisais ce matin les confessions du prête-plume du Prince Harry et ce très long article du New Yorker a résonné en moi plus que je n’aurais cru. J’ai vécu comme lui les affres et les joies d’être le ghostwriter de personnes qui se racontaient et j’ai vécu, comme lui, deux fois, l’arrêt brutal (mais pour des raisons très différentes et gérées de manière très différentes, aussi) de mes projets. Les heures passées à écouter une personne se livrer, à lui poser des questions, à comprendre, à deviner ce qui n’est pas dit, à se taire quand on voudrait pousser dans les retranchements alors qu’on sent une fragilité et qu’il ne faudrait pas aller dans cette zone de guerre ou à se comprendre soi-même soudainement dans un pan de vie qui n’a strictement mais alors strictement rien à voir avec la mienne, en apparence, tout cela ne m’a pas empêché de jurer qu’on ne m’y reprendrait plus et pourtant j’y suis retourné. Comme lui.

On m’a un jour proposé d’écrire la bio d’un gars pas banal qui était parti de rien et qui avait bâti un empire (je vais changer quelques détails) dans son domaine. Personne ne le connaissait. Il pesait lourd. C’était en plein confinement. J’étais bloqué chez moi. Lui était enfermé dans une chambre glauque d’une aile d’hôpital presque à l’abandon, à des centaines de kilomètres de sa femme et de ses enfants. Il venait d’être amputé d’un bout de jambe suite à un cancer et les soignants étaient débordés par les premiers cas de Covid qui débarquaient par dizaines et envahissaient toutes les chambres. On l’avait relégué dans un vieux bâtiment du Centre Hospitalier où il attendait des heures, seul, qu’un kiné daigne venir s’occuper de lui. Il était le seul patient du couloir, tous les autres avaient été renvoyés chez eux. Il s’était longuement épanché mais dans des mots choisis d’une pudeur et d’une humilité rare : je m’étais rendu compte peu après qu’il m’avait très peu parlé de lui mais uniquement de ce qu’il ressentait et qu’il devait exprimer au monde pour la première fois. C’était maintenant ou jamais.

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