Témoignage : "de cancre désespérant à chef d'entreprise épanoui, oui j'y suis arrivé !"
Guillaume faisait le désespoir de ses parents à l'école : enfant précoce, il n'était "bon à rien..." Vingt ans plus tard, il est chef d'entreprise. Comment ? Guillaume nous raconte.
Bonjour à tous et bravo ! Vous avez survécu à la première étape du Marathon des Fêtes : Noël…
Allez, plus que ce super étrange 31 décembre et nous pourrons reprendre le cours de nos vies ou presque. Pour ma part, j’ai passé Noël sans mes proches pour la première fois depuis dix ans. Je n’avais nulle envie de contaminer qui que ce soit et encore moins de dormir dans un hôtel sans âme, au croisement de deux nationales. Je ne voulais pas prendre de risque inutile : nous nous sommes parlés lors d’un pauvre Facetime de quelques minutes gâché par un mauvais Wifi. Espérons que 2021 sera plus clément que 2020. Je suis optimiste. Cap sur le positif : depuis ce matin, les jours rallongent. Si ce n’est pas bon signe, ça !
Vous m’écrivez souvent (parentsdezebresATgmail.com) pour me dire à quel point votre enfance À VOUS a été difficile et combien vous vous retrouvez dans les difficultés de votre propre enfant, à votre tour. Cela vous renvoie à bien des choses. N’hésitez pas à m’envoyer un petit mail, si vous souhaitez témoigner (anonymement). Voici l’histoire de Guillaume, grand zèbre de 35 ans, issu d’une famille plutôt intellectuelle (ses deux parents sont journalistes) en plein échec scolaire. Jusqu’au jour où…
————————————————————————————————
De cancre désespéré et désespérant à chef d’entreprise épanoui par Guillaume N.
“J’ai 12 ans : ma mère, très inquiète de mes mauvais résultats scolaires m’installe à mon bureau avec mon livre d’histoire, une feuille, un stylo et une consigne simple : apprendre la leçon avant le dîner. Rien d’insurmontable : une poignée de personnages historiques, quelques évènements, cinq ou six dates.
À cette époque, je connais le nom de tous les Pokémons, j’apprends par coeur, le soir, dans mon lit, des poèmes de Victor Hugo et, passionné de magie, je suis capable de retenir un jeu de carte dans l’ordre en quelques minutes. On m’a diagnostiqué “HPI” depuis des années : rien ne justifie que je sois un cancre.
Pourtant, retenir la double page de ce livre d’histoire : je n’y arriverai pas. Impossible de m’y mettre, de me plonger dans ces mots et dans ce récit dont je n’ai rien à faire. Je regarde briller l’encre noire des lettres. Je sens l’odeur du papier glacé. Je détaille la typographie, la courbure des lettres, la forme des virgules et la couleur des titres. Je passe mes doigts sur la tranche du manuel pour la faire bruisser. Durant une heure, alors que je n’ai absolument rien d’autre à faire, je n’apprends pas ma leçon. Le lendemain, je sais que j’aurai une boule au ventre devant une question à laquelle je ne saurai pas répondre, puis une mauvaise note à montrer à mes parents.
Cette histoire illustre mes années collège et lycée : un enfer que j’ai subi sans jamais vraiment comprendre ce que je faisais là. Pourquoi on m’imposait quelque chose d’aussi bizarre que de rester sur une chaise 8 heures par jour, 5 jours et demi par semaine (il y avait cours le samedi matin à l’époque) et avec, le soir, en bonus, des heures de devoirs. Résultats : des problèmes d’intégration, du harcèlement scolaire et bien sûr des résultats toujours catastrophiques.
Et puis un été, je suis allé ramasser des melons. C’était une idée de mes parents, tous les deux journalistes. Ils avaient imaginé cette punition, pour sanctionner le redoublement de ma seconde. Le travail des champs devait me montrer à quel point j’avais de la chance d’être un “intellectuel” (lol) plutôt qu’un paysan comme mes grands-parents. Sans commentaire.
Ce fut un mois absolument merveilleux. J’ai été accueilli chez des paysans du Lot-et-Garonne, des gens simples et adorables. Nous nous levions aux aurores pour vendre leurs melons sur les marchés, on se reposait au soleil en début d’après-midi quand il faisait trop chaud et on ramassait, en fin d’après-midi les melons dans le champs pour préparer le stock du lendemain. Vin rouge au dîner et lecture au coin du feu avant de se coucher. J’ai adoré faire des choses qui avaient du sens. À la fin du mois, je suis même reparti avec un peu plus d’argent que convenu, parce que j’avais bien bossé. C'était la première fois qu’on me félicitait pour du travail.
Le retour au lycée a été terrible, mais j’avais découvert que j’étais capable de faire bien les choses quand elles étaient concrètes. Alors j’ai serré les dents et j’ai réussi - encore un redoublement plus tard - à avoir mon bac.
À partir de là, je n’ai plus jamais laissé personne m’installer devant un livre dont le contenu ne me servirait à rien. J’ai tapé aux portes d’une entreprise dans laquelle j’avais envie de travailler. J’ai supplié qu’on me laisse une chance en partant de tout en bas. Accepté en temps qu’assistant un jour par semaine, j’étais directeur de pôle deux ans et demi plus tard. J’ai quitté cette boîte pour lancer la mienne et obtenir enfin tout ce qui me rend heureux aujourd’hui : la liberté, le contrôle de ce que je fais et la valorisation au quotidien de ma créativité et de mon inventivité.
La vie d'entrepreneur n’est pas parfaite : on est jamais totalement serein, tout le monde compte sur nous, personne ne fait le travail à notre place et on paye cher chaque erreur. Mais pour un obsédé du concret comme moi, elle fait sens et me comble. Et dans les pires moments, je repense au livre d’histoire et aux lettres qui brillent.
Mon expérience, sera, je l’espère, inspirante si vous êtes confronté à un enfant surdoué et en échec scolaire :
Gardez en tête que l’école / le système scolaire n’est pas adapté pour tout le monde et que derrière une attitude qui peut sembler désinvolte, il y a peut-être une souffrance.
Donnez à l’enfant l'opportunité de vivre une expérience dans laquelle il sera impliqué dans quelque chose de réel : association, travail d’été ou même un week-end à construire une cabane. Regardez-le se révéler dans ces situation de “vrai”.
Conservez, à la maison, un cadre bienveillant, même ET SURTOUT quand ça va mal à l’école. Un enfant n’a que vous pour se ressourcer, se rassurer, déconnecter et se vider la tête.
Ne désespérez pas. Le petit cancre qui vous rapporte des mauvaises notes sera peut-être, sûrement, plus tard, un adulte inspirant et apaisé…
Amitiés, Guillaume”
——————————————————————————————————
La semaine prochaine, de nouveau quatre livres à gagner ! Abonnez-vous pour ne pas rater le concours.
Pour partager le témoignage de Guillaume, il vous suffit de cliquer sur le bouton ci-dessous. Ça nous aide et ça lui fera plaisir !
Parents De Zèbres est une newsletter hebdomadaire (samedi ou dimanche) crée par William Réjault. Parents de Zèbres parle de rayures, de rayés, de parents dépassés ou heureux et elle met en lumière des interrogations, des lectures, des parcours et des Humains.
Abonnez-vous et résiliez quand vous le souhaitez, comme Netflix. Les abonnés profitent des Q&A, vidéos, podcast et articles en premium. Les 200 premiers abonnés reçoivent un Minimook inédit sur les Enfants Surdoués / Précoces / HPI etc. (que de noms…!)
D’autres articles à découvrir sur Parents de Zèbres :
La maîtresse de ma fille veut qu'on la teste !
Adolescents difficiles : et si la méditation était la solution ?
Deux tests de personnalité pour mieux se connaître !
#HPI #Précoce #Hypersensible