Wow. Je ne l’avais pas vu venir. J’ai reçu une tonne de mails suite à la dernière newsletter et un bon kilo d’abonnements d’inconnu(e)s dans la foulée. Merci pour votre confiance. Je ne pensais pas toucher un sujet si sensible et apparemment toucher juste : je ne faisais que résumer ma stupéfaction devant la désinvolture masculine avec laquelle la charge mentale est abordée. “Encore ce truc de nanas… Sérieux ? Elles nous pompent l’air avec ça… C’est bon, je lance les lessives (linge qu’elle a pré-trié) et je vais aux courses quand elle le demande (en respectant scrupuleusement SA liste pré-écrite) et j’irais à l’école si ça tombait pas sur mes horaires de boulot (elle a l’air de pouvoir partir comme elle veut du sien, de boulot)… Non mais sérieusement, elle attend quoi de plus ?”
Que tu ne te comportes pas comme un petit garçon de six ans mais comme un adulte à peu près responsable. Voici quelques exemples d’histoires édifiantes ou tristement banales reçues dans vos mails, anonymisées à votre demande.
Une précision, de taille : quand vous arrivez pour une consultation, tous les deux, c’est 90% du temps Madame qui a du vous traîner et 80% du temps Monsieur qui rechigne à ouvrir la bouche. Je ne veux pas généraliser car, dans les embrouilles, chacun prend sa part. Mais pour la charge mentale, je redis ce que je pense : nous, les mecs, on l’a facile, quand même. Messieurs, quand je vous entends vous justifier sur votre inaction, votre fatigue, quand j’entends vos questionnements (“Mais je ne sais pas ce qu’il préfère, comme yaourt, comment je pourrais savoir ça ?”) ou quand je vous vois avec un tel aplomb, une telle mauvaise foi, j’ai parfois honte d’être un mec. Et j’ai honte de m’être laissé gagner moi aussi par cette indolence si confortable. Et j’ai encore peur de reproduire, malgré moi, ce comportement d’ado égoïste mal dégrossi qui n’a aucune excuse.
Aucune. Excuse. Aucune. Excuse.
Marie me dit : “Maïa Mazaurette écrivait (dans un de ses livres je crois) que les hommes qui se plaignent de ce que leur compagne ne les désire plus devraient se poser la question de leur rôle au sein de leur foyer. Outre le fait que prendre sa part va soulager la conjointe qui sera sans doute plus disponible, il y a une donnée fondamentale : quelqu'un qui ne sait pas prendre soin du foyer, c'est un enfant supplémentaire. Et un enfant, ben, ce n'est pas un homme qu'on peut désirer...
Bref, ton analyse de séances de thérapie de couple me rappelle celle que nous avions (brièvement) entamée avec mon ex (moins les enfants que nous n'avions pas, heureusement). Après la séparation et un travail thérapeutique, je m'étais dit : plus jamais ça. Et j'ai rencontré un homme, un vrai, qui gère son foyer en adulte, s'occupe de ses enfants de A à Z une semaine sur deux sans appeler leur mère dès qu'il a une question, et avec qui je ne cohabite d'ailleurs pas à plein temps. Eh bien, surprise surprise : après six années, on se désire toujours aussi fort. Qui l'aurait cru, hein !”
Cécile me parle de son ex qui perd la chaussure de son fils sur son week-end de garde à lui, l’appelle pour demander la pointure (elle est écrite sous l’autre chaussure, généralement), quel modèle de chaussure est le mieux pour un enfant (en janvier, généralement, pas des tongs), quelle couleur il doit prendre et qui, dans le magasin, l’appelle pour demander comment on fait pour savoir si ça lui fait vraiment mal au bout des doigts de pied quand il marche. Avant de lui tendre la moitié de la note, le dimanche soir. Comme une demie paire de chaussures à payer, quoi.
Coralie aurait adoré venir à l’avant-première du premier film de son amie d’enfance mais elle ne peut pas car ça tombe un samedi matin à 11h pile sur les inscriptions des enfants aux activités périscolaires et si elle laisse son mari s’en occuper, ça ne va pas le faire. C’est pas son truc. Et de toute façon, un samedi à 11h, il ne sera jamais prêt.
Sandrine :
Merci William, c’est la première fois que je lis un homme sur le sujet.
Je tiens à préciser que ce sujet n’est pas un pain point dans mon couple, après tout j’ai vécu et élevé un enfant toute seule pendant dix ans, donc j’ai plus de satisfactions à être en couple en gardant la charge mentale que le contraire. Mais effectivement je vis avec un homme qui n’a jamais changé une ampoule, ce sont ses parents qui venaient le faire chez lui meme 10 ans après qu’il ait quitté le nid! Je pense même qu’en toute bonne foi il est convaincu de prendre sa part.
Ce n’est pas non plus une histoire de charge tout court ou de responsabilités professionnelles, j’occupe un plus gros poste et lorsque j’échange avec des amies dans le même cas, effectivement lorsqu’il faut se rendre disponible pour le plombier ou simplement penser a passer acheter du pain en fin de journée ces messieurs ne peuvent pas le prendre en charge parce qu’ils ont un métier ou sont fatigués !
C’est donc quelque chose qui est profondément ancré dans nos cultures...
J’ai élevé mon fils en espérant qu’il devienne l’adulte que je rêverais de connaître, j’attends de savoir dans quelques années ce que dira la personne avec qui il partagera sa vie!
Gaëlle me dit qu’elle aimerait consulter avec son compagnon car il se plaint qu’elle n’a pas envie de faire l’amour. Elle rentre du travail, fait les courses, un peu de ménage, surveille les devoirs en préparant le repas, vérifie que tout le monde mange (trois enfants de 6, 8 et 11 ans), baigne les enfants, les couche et finit par se poser devant la télé où Monsieur a passé la soirée à rire en regardant Hanouna, tout en répondant à quelques mails du boulot (soi-disant) mais surtout à échanger des conneries sur une boucle Whatsapp avec des potes et son frère. Elle aimerait me consulter pour savoir si elle est normale. Il aurait envie de faire l’amour “vite fait” à 22h mais elle a envie de l’étrangler. Et donc il fait la gueule. Et s’endort en ronflant. Un vrai prince charmant.
Je pourrais vous en citer vingt de plus comme ça mais je crois que vous avez compris que :