Comment des années si courtes se fabriquent-elles avec des journées si longues ?

Je ne savais pas que ça serait aussi pénible certains jours de vieillir. Je ne le voyais pas comme ça. Je pensais qu’on restait jeune dedans mais ridé dehors, qu’on avançait tranquillement vers la sortie de piste (plus lentement, certes) et pof, voilà, dans son sommeil, on s’endort, c’est fini.

Je ne savais pas que vieillir, c’est apprendre le renoncement, jour après jour, un pas après l’autre (sans jeu de mots, j’ai des problèmes aux deux chevilles, je ne vous raconte pas, il faudrait perdre du poids mais comme j’ai du mal à marcher, précisément à cause des chevilles, le serpent qui se mord la queue…). Le renoncement de tout : la force physique, le nombre d’amis encore en vie, les parents qui entrent dans le quatrième âge, les gens qui vous voient comme un vieux et ce paradoxe permanent “Oh, je me ferais bien une toile mais j’ai pas envie de sortir de chez moi” qui me mine alors que j’ai besoin d’inspiration permanente pour continuer à créer. Je vieillis et je découvre.

Mon amie Marie-Claire répétait sans cesse “Vieillir est une bénédiction”. Oui. En ce qui concerne les erreurs humaines, les choix, les amours passionnées destructrices, les concessions aux patrons incompétents, oui.

On laisse pisser, on lâche prise ou bien on fuit (ce que j’aurais fait le deuxième jour durant ces vacances du désamour) en reprenant ses petites affaires, en laissant les gens nager dans leurs problèmes à eux, chacun les siens, merci. J’ai déjà du mal à ranger proprement les miens, je ne vais pas en plus subir ceux des autres.

Je cesse de courir après les gens. Tu ne m’appelles jamais ? Tu n’es pas joignable ? Tu me promets que tu me rappelles juste après mais tu ne le fais pas ? Tu fais tes choix, hein. J’adorerais qu’on se voit plus et qu’on rigole en terrasse en regardant passer les gens mais si tu n’es pas dispo, tu n’es pas dispo, que veux-tu que je te dise ? Le temps passe pour tout le monde mais à mon âge, il passe plus vite.

Je ne supporte plus les contraintes horaires, aussi. Je n’arrive plus à acheter un billet de train ou d’avion pour descendre à Bayonne, quinze jours avant. Je me sens contraint, forcé. Si j’ai envie de partir plus tard, de revenir plus tôt, je ferais comment ? Si je n’ai plus envie du tout de descendre ? S’il pleut non-stop ? Et puis 1h de métro pour aller attendre 2 heures dans un aéroport ou 1 heure à la gare, je n’ai plus le temps non plus.

Je lâche sur tout. Je m’habille au plus simple. Je vais à l’essentiel. Je fais le plein d’essence à côté de chez moi alors que je pourrais économiser 5 euros en faisant 19 minutes de voiture aller puis 19 minutes retour. Mais sérieux, à mon âge, 40 minutes de voiture pour économiser 5 euros ?

Je reste accroché à ma boussole interne : exiger le meilleur en amour, à l’hôtel et dans ce que j’enseigne. Mettre la barre au plus haut lorsqu’il s’agit de mon couple, de mon sommeil quand je ne suis pas chez moi et des mots que je prononce devant les étudiants que je forme. Je prépare (trop) chaque intervention pour être sûr de ne rien regretter si d’aventure cela se passait mal.

Je ne coache plus les gens qui ne sont pas prêts. Je n’accompagne pas les couples qui veulent mais ne veulent pas. Je lâche. Je peux pas vous faire avancer malgré vous, je n’ai pas envie de vous détester en silence en regardant discrètement la montre à mon poignet. Pardon mais j’ai plus vingt ans. Mon défunt “blog,” lui, oui. Cette année, ça fera vingt ans que je vous parle en ligne. Je n’ai pas les mots, pour le coup.

Conseil de lecture : On lit mieux dans une langue qu’on sait mal (Michel Zink)

Conseil de série : Industry saison 2

Conseil de parano : achetez-vous un radiateur à huile avant qu’il ne coûte trois fois son prix quand il fera froid. Mon amoureux pense que je suis ridicule et qu’on n’aura pas de coupures cette hiver. On verra bien.

Conseil de vieux : pensez à dire aux gens que vous aimez que vous les aimez.

Ce n’est pas grave de lâcher du lest. Ce qui est grave, c’est de penser qu’on va arriver au bout avec toutes nos affaires sur le dos et il y en a, des affaires, avec tout ce qu’on a accumulé. Ce qui est grave, aussi, c’est de penser qu’on ne peut pas vivre sans ses affaires.

J’ai appris une leçon, il y a bien des années : “Arrête de stresser, le soleil va quand même se lever demain matin…” à laquelle j’ai rajouté plus tard “Arrête de stresser, il y a toujours un autre avion…” et à laquelle je rajoute aujourd’hui : “Arrête de stresser, il y a toujours un Carrefour Market ou un Décathlon ouvert le dimanche”.

Ce n’est pas grave, tout ça. On fait ce qu’il y a à faire et puis on tâche d’aimer au mieux les gens qui nous aiment avant de disparaître. Le reste, hein…

Will

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Santé mentale, physique, bien-être. Je reçois beaucoup de mails me demandant qui aller voir, qui consulter, qui je recommande, etc.

Mon expert-comptable : la fée Florence Core-Vallet et son cabinet Filea.

Ma naturopathe, sur Paris : Stéphanie Spira, humaine, rayonnante, épatante.

🆕 Excellent acupuncteur et ostéo : Julien Bounille

Prendre soin de sa peau de manière 100% naturelle : Julien Kaibeck

Voilà qui répond, je l’espère à toutes vos questions.

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The Imperfectionnist