Ma psychologue arrive toujours en retard à nos rendez-vous. Je m’y suis habitué, étant pour ma part systématiquement en avance et ne comptant pas changer mes habitudes. Je viens désormais avec mon iPad et je lis la presse en l’attendant. Elle déboule toujours en coup de vent, dix minutes après l’heure (j’ai l’impression d’être son premier patient) et court vers sa pièce avant d’y prendre de longues minutes, probablement de concentration. L’air faussement gênée, elle m’invite enfin à la rejoindre en s’excusant de son retard avant de me proposer un verre d’eau que j’accepte toujours, ce qui lui permet de fuir quelques instants de plus, le temps que je pose mes affaire et m’installe. C’est son rituel, ai-je compris récemment.
Elle commence invariablement nos entretiens par la question suivante :
“Comment est-ce que ça va ?” et elle les termine toujours ainsi : “Je crois qu’il est l’heure… Quand nous revoyons-nous ?”
Pendant qu’elle cherche un créneau, je lui tends mon chèque pré-rempli à la maison, qu’elle accepte toujours en souriant (“C’est une bonne idée !”) et nous entamons l’éternel dialogue dont nous connaissons par coeurs les répliques : “Oui, j’ai toujours peur que vous n’avez pas de stylo…” “C’est vrai mais ça n’est arrivé qu’une fois…” “Oui… Et puis au moins je sais combien de chèques il me reste… Au cas où je serais en rade…” “Vous savez très bien que vous pouvez me payer la prochaine fois…” “Oui, je sais mais je n’aime pas…”
Mon compagnon trouve qu’elle est trop douce avec moi et glisse, moqueur, que nous nous sommes bien trouvés puisqu’elle fait partie de la fédération française de Victimologie. Oui, ça existe. J’ai fini par lui avouer, à ma psychologue, pas à mon compagnon, que je la trouvais trop laxiste parfois, presque complaisante à mon encontre et elle a souri sans rien me répondre, la première fois.
Quand je me suis enhardi et répété au cours des séances suivantes, une fois puis une autre encore, elle a simplement souligné que ça semblait important pour moi qu’on soit ferme quand je me plains ou que j’ai l’air de me plaindre. Et puis, vendredi dernier, alors que je lui reprochais une nouvelle fois d’être trop gentille avec moi, elle m’a plié en deux : “Vous savez que vous êtes le seul de mes patients à me trouver trop douce ? Tous les autres me trouvent plutôt dure et cassante dans mes suggestions. Puisque vous insistez pour parler de projection et de contre-projection, allons-y franchement… Avez-vous besoin qu’on soit dur avec vous pour vous sentir considéré ? L’empathie à votre encontre serait une marque de faiblesse ?”
Pan sur le bec.
Mon premier psy était un barbu dégoutant qui ressemblait à Kubrick et il me suivit pendant quelques semaines après une tentative de suicide ratée, en fac. Il était spécialiste des enfants et me recevait pour faire plaisir à mon médecin de famille, celui qui mourut si jeune, à peine retraité et que j’aimais énormément.
Ma seconde psy me fut imposée par l’école d’infirmières après un stage calamiteux en pavillon psychiatrique fermé, auprès de patients extrêmement dangereux (pour eux-même comme pour les autres), stage qui déclencha une puissante dépression, soignée par antidépresseurs et anxiolytiques. Elle était froide, hautaine, bourgeoise et n’ouvrait jamais les volets dans son cabinet qui était de fait plongé dans le noir.
J’avais eu si peur auprès des patients que je n’arrivais pas à verbaliser mes traumas : on m’avait notamment enfermé avec Dominique, un grand délirant, dans un bureau, à mon premier jour de stage, pour que je “comprenne la pathologie délirante”. Le patient était agenouillé sur une table, à ma hauteur et parlait à toute allure en moulinant des bras, ses mains passant à quelques centimètres de mon nez et de mes yeux. J’aurais pu me faire dessus sans le moindre problème. Cela n’intéressait pas du tout cette psychologue qui pressentait que j’étais homosexuel, sa seule obsession durant nos séances tournant autour de mes préférences : “Vous n’êtes pas attiré par les petits garçons, au moins, rassurez-moi ? Non mais qu’on soit bien sûrs… Ça c’est dégoûtant !”. J’avais 23 ans.
Le psy d’après me sauva la vie. J’ai uniquement raconté dans mon second livre, en toute fin, l’évènement familial le plus dramatique jamais vécu personnellement et j’en parle rarement en ligne. Il me (re)mis à terre peu avant le passage à l’an 2000. Il dura quelques mois. Je travaillais comme infirmier dans un hôpital de jours pour enseignants souffrants de troubles psychiatriques et mon monde s’écroula durablement en quelques jours. Je devais faire semblant d’aller bien alors que je passais mon temps à mourir de l’intérieur. Ironie de la chose, les patients comptaient sur moi pour les sauver et moi je ne pensais qu’à mourir. Le psy me guida vers l’équilibre qui fut long à retrouver. Il fut le premier à me parler d’un nécessaire travail au long cours et le premier à me préciser que je devais choisir mon thérapeute et fuir si je ne me sentais pas en totale confiance. Il était très jeune mais parlait comme une vieille âme.
Il y eut aussi la mythique Danielle, ancienne pharmacienne devenue psychanalyste et recevant sous les toits, dans son appartement de grande bourgeoise. 80 ans au compteur. En pleine forme. Elle me demandait l’autorisation de fumer que je lui refusais systématiquement. Sauf pour notre dernière séance. Elle compris en allumant sa cigarette que je ne reviendrai pas car je me sentais très bien dans ma tête et ça lui donna l’envie d’en fumer une seconde, juste après.
Une psy consultée une dizaine de fois, en Alsace, alors que je n’arrivais pas à quitter un conjoint qui ne me faisait pas du bien et qui osa le verbaliser : “Partez, William. Quittez cet homme…”. Une autre nana nullissime qui prenait 150 euros pour trente minutes d’hypnose, prétendant guérir les addictions. Deux séances et adieu. Non, elle n’était pas douée.
Un spécialiste des constellations familiales (sic) qui répartit plusieurs chaises vides autour de nous dans une pièce pour convoquer l’esprit des membres absent de la famille.
Une sexologue Lacanienne, furieusement vulgaire, qui prenait 100 euros pour dix minutes et qui résuma mon blocage de l’époque : “Faut baiser monsieur ! Baisez ! Baisez avec quelqu’un avant la prochaine séance…”. Je ne le fis pas. Elle me poussa dehors après m’avoir soulagé de 100 euros après quelques secondes d’échange : “Vous n’avez pas baisé ? Dehors ! Revenez lundi prochain après avoir baisé…” Quand j’en eu marre de payer 100 euros pour trente secondes d’échange, je finis par baiser et la séance dura alors presque deux heures, ce qui me gêna beaucoup pour les gens dans le couloir mais notre souffrance faisait visiblement partie de son plaisir.
Et puis il y a tous ces gens qui me consultent, moi. Quand il s’agit de vos problèmes, je ne vois que des solutions. La vie n’est qu’ironie.
Amusons-nous donc un peu.
William
Santé mentale, physique, bien-être. Je reçois beaucoup de mails me demandant qui aller voir, qui consulter, qui je recommande, etc.
Mon expert-comptable : la fée Florence Core-Vallet et son cabinet Filea.
Ma naturopathe, sur Paris : Stéphanie Spira, humaine, rayonnante, épatante.
Mon acupunctrice historique, sur Paris : Carole Baudrier, depuis 20 ans, déjà
Ma coach pro, sur Paris : Florence Auvray-Loney, une référence.
Se faire masser, sur Paris : Tudor et ses mains magiques…
S’offrir un tirage de vie (par téléphone) : Claudine Collit et ses fameux tirages Animaux, étonnante.
Mon (clair)voyant : Eric Perrot (pas vu depuis 2015 mais épatant quand on en a besoin)
Prendre soin de sa peau de manière 100% naturelle : Julien Kaibeck
Voilà qui répond, je l’espère à toutes vos questions.
Pourquoi cette newsletter ? Qui suis-je ?
Attention, recevoir cette newsletter ne signifie pas recevoir tous les numéros ! La liste complète des articles est ici.
“By contrast, surely few readers of this newsletter need me to clarify that it isn’t written by someone who’s Sorted His Life Out Completely and is now magnanimously offering to guide others toward a similarly flawless existence. If anything, it’s the opposite. “You teach best what you most need to learn,” as the author Richard Bach famously put it. You’re drawn to the subjects you struggle with because you struggle with them – because the stakes feel high to you, so you’re motivated to try to puzzle out some solutions.
Un panorama pas rassurant sur la qualité des thérapeutes...