Des sources d'espoir, des moments de joie
Je ne sais pas si vous connaissez la fable de La Fontaine nommée Le meunier, son fils et l’âne mais vous devriez la lire au moins une fois dans votre vie. En résumé, elle vous explique qu’on ne peut/doit pas faire plaisir à tout le monde et que quoi que vous fassiez, jamais les gens ne seront contents, de toute façon.
Je dis ça parce qu’hier soir, c’est Martial qui m’a dit “Oh, ta newsletter, je ne la finis pas, elle est trop plombante, c’est que des histoires qui minent le moral et puis tes recos culture, je m’en tamponne”. Ça m’a travaillé une partie de la soirée et puis je me suis souvenu. Mon fond de commerce, c’est ma résilience. Et mon business model, c’est de parler des trains qui arrivent en retard. Qui m’aime me suive et patiente sur le quai avec moi, voilà.
Point Amour Propre : je n’ai pas envoyé ch. mon cousin, pour ceux qui m’ont demandé et je n’ai pas envoyé de texto “esprit d’escalier” le lendemain lui disant tout mon mépris. J’ai juste bloqué son numéro et viré sa tête de mon Facebook. On ne discute pas avec les gens toxiques. On les subit. Moi, je me sers de ma peine pour avancer : je vide ma tête ici en racontant la scène et - assez magiquement - je passe à tout autre chose. Je vous remercie néanmoins pour vos nombreux mails. J’ai acheté le dernier livre d’Edouard Louis (Changer : méthode) sur les transfuges de classe mais je n’y trouve pas grand chose de mémorable à part son histoire, ressassée, que j’ai déjà lue il y a bien longtemps. Il n’arrive pas à s’extraire de son vécu somme toute assez banal pour en tirer un témoignage plus universel.
Au collège, il y avait une fille dans la classe qui sentait la sueur car ses parents n’avaient pas l’eau courante. Elle portait des habits qu’on lui donnait et elle encaissait les remarques en silence. Les ados n’étaient pas tendre avec elle, ils l’appelaient Germaine la grande Crado. Elle dut abandonner les études après le BEPC car ses parents ne voulaient pas payer pour les fournitures scolaires au lycée. Elle a fait des ménages, elle a bossé au McDo, elle a même appris la mécanique avec son frère, elle a bossé à l’usine de plumes de canards dans l’équipe de nuit. Maintenant, elle dirige des établissements pour seniors et nous savons elle et moi d’où nous venons chacun. Issus du même village, même si j’étais un nanti à côté d’elle. Notre sale période commune fut un booster pour chercher du pain blanc, le découper en morceaux pour en manger un peu et en redistribuer un maximum aux autres.
Je ne vois pas trop l’intérêt de me plaindre en permanence que la boulangerie est réservée aux riches et qu’on devrait la péter. Surtout que les riches ont bien compris, dans le cas d’Édouard, qu’en lui offrant son poids en chocolatine il aurait du mal à revenir pétrir des traditions (même s’il n’y a rien de mal à ça…). Certains riches se donnent bonne conscience en louant son parcours de petit mitron. J’aimerais tant qu’Edouard vive quelques expériences humaines plus marquantes et qu’il les raconte : il a en lui tellement à offrir. Il devrait se barrer seul, loin de ses potes académiques et des people pour enfin vivre un peu. Enfin, moi, ce que j’en dis, hein.
Chacun fait comme il peut, je sais. On essaie de ne pas juger. On essaie.
J’ai donné deux cours à Sciences Po, cette semaine. J’ai trois classes sur un semestre. Mon cousin toxique persiflera qu’on y apprend sûrement moins de trucs qu’à Poudlard, nianiania mais je l’ai bloqué. Garde tes commentaires toxiques pour toi, bichon. Deux cours, donc, l’un sur la résilience via l’écriture et l’autre sur le pouvoir des histoires orales. Je mesure la chance d’enseigner à des groupes de 18 élèves qui écoutent sagement - mais non benoitement, joie des cerveaux qui vont vite et sont programmés pour analyser et donner leur opinion - dans le cadre préservé d’un lieu aussi emblématique. J’ai ensuite échangé avec Célia qui me faisait remarquer que mon parcours était inspirant. “Tu es libre. Tu as vécu tellement d’expériences… Ça donne l’énergie d’y croire pour soi et de bouger…”
Je ne l’ai jamais formulé de cette façon mais j’ai acquiescé. De fait, si j’ai choisi mon tout premier métier d’infirmier, c’était pour rester libre. Libre de partir quand je voulais dans une autre ville, dans un autre lieu, dans une autre branche car je savais qu’on aurait toujours besoin d’infirmiers partout et à toute heure. Les conditions n’ont jamais été mirifiques mais elles furent plus que correctes, pour moi, au début des années 2000, dans certains endroits. Je garde d’excellents souvenirs du bloc opératoire, des urgences, des patients visités à domicile dans mon véhicule de fonction. J’étais libre de me barrer quand je m’ennuyais, quand on me faisait chier, quand j’avais fait le tour de la question ou quand on me proposait mieux un peu plus loin. J’ai démissionné un paquet de fois.
Et, sans m’en rendre compte, j’ai reproduit dans les métiers suivants cette vision de la vie. Je suis parti dans l’enseignement supérieur, sur le campus Epita-Epitech directement après la maison de retraite, j’ai côtoyé une chanteuse pop à la mode puis sa maison de disques, j’ai bossé dans le poste de télé et puis j’ai vendu des yaourts à la terre entière. Un rapide tour auprès des sans-abris, un autre dans l’univers des séries Télé, un dernier encore dans la prospective.
En ce moment, j’enseigne. Chez Chanel, aussi. Je ne vous dis pas encore le reste. Mais oui, demain, je serai ailleurs, j’ajouterai une autre brique. Je ne supporte pas de me sentir enfermé, redevable. Je sais reconnaître de loin la trace du col du Chien pelé.
La liberté, ça se paye cher, évidemment : toute ma vie, j’ai sauté de liane en liane sans penser au sol et j’ai pensé mille fois que j’allais me crasher. Je me souviens précisément de mon dernier jour de chômage en 2019 et du contrat en CDI signé le lendemain. Ouf, une liane, in extremis.
Je vis comme dans un gymnase et je considère les expériences de ma vie comme une pile de tapis de sol en mousse : chaque expérience prise individuellement ne pèse pas beaucoup dans mon esprit qui se compare, encore et toujours, aux parcours des copains mais, empilés les uns sur les autres, les dizaines de tapis deviennent un immense matelas coloré sur lequel je peux grimper et prendre une photo du gymnase. Ce n’est pas le sport, l’effort ou la médaille qui m’intéresse. Moi, ce qui me plait, c’est de développer le négatif, d’encadrer le cliché et de commenter la prise de vue en vous expliquant pourquoi cet angle-là me semblait plus intéressant. Je ne sais faire que ça.
Forcément, quand on parle de son époque, on n’est pas toujours joyeux. Mais je ne suis pas quelqu’un de joyeux, à la base. Je sais faire rire mais je suis câblé pour d’abord voir les problèmes. C’est moi, c’est comme ça que je suis.
C’est comme ça que j’ai envie de raconter le monde.
C’est également comme ça que je voudrais qu’on se souvienne de moi. J’écris en ligne depuis 2003 et certains d’entre vous êtes là, pour beaucoup, bien amicalement, depuis le début. Merci. Un ami, c'est quelqu'un qui vous connaît bien et qui vous aime quand même.
Allez.
Les jours rallongent. Vous avez vu, quand on ouvre les volets le matin, il fait timidement beau.
Les jours rallongent. Vous avez vu, quand revient le soir, il fait encore jour.
Les jours rallongent. Nous sommes à J - 59 de l’heure d’Eté.
Je conclus sur les vers d’une poétesse, que j’ai bien connue, elle, pour te remercier d’avoir lu jusqu’au bout, ami virtuel et de revenir chercher ici la semaine prochaine peu ou prou la même chose.
“Moi, j'écris sur ce qui me blesse
La liste des forces qu'il me reste
Mes kilomètres de vie manquée
De mal en prose, de vers brisés
J'écris comme on miaule sous la lune
Dans la nuit, je trempe ma plume
J'écris l'abcès, j'écris l'absent
J'écris la pluie, pas le beau temps
J'écris ce qui ne se dit pas
Sur les murs, j'écris sur les toits
Écrire, c'est toujours revenir
À ceux qui nous ont fait partir
On n'écrit pas qu'on manque de rien
Qu'on est heureux, que tout va bien
Voilà pourquoi je n'écris pas sur toi
Rassure-toi”
Bien à vous,
William
Santé mentale, physique, bien-être. Je reçois beaucoup de mails me demandant qui aller voir, qui consulter, qui je recommande, etc.
Mon expert-comptable : la fée Florence Core-Vallet et son cabinet Filea.
Ma naturopathe, sur Paris : Stéphanie Spira, humaine, rayonnante, épatante.
Mon acupunctrice historique, sur Paris : Carole Baudrier, depuis 20 ans, déjà
Ma coach pro, sur Paris : Florence Auvray-Loney, une référence.
Se faire masser, sur Paris : Tudor et ses mains magiques…
S’offrir un tirage de vie (par téléphone) : Claudine Collit et ses fameux tirages Animaux, étonnante.
Mon (clair)voyant : Eric Perrot (pas vu depuis 2015 mais épatant quand on en a besoin)
Prendre soin de sa peau de manière 100% naturelle : Julien Kaibeck
Voilà qui répond, je l’espère à toutes vos questions.
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“By contrast, surely few readers of this newsletter need me to clarify that it isn’t written by someone who’s Sorted His Life Out Completely and is now magnanimously offering to guide others toward a similarly flawless existence. If anything, it’s the opposite. “You teach best what you most need to learn,” as the author Richard Bach famously put it. You’re drawn to the subjects you struggle with because you struggle with them – because the stakes feel high to you, so you’re motivated to try to puzzle out some solutions.