Désolé monsieur, je ne prends pas la CB
Voici donc la première phrase entendue à ma sortie de l’avion. Bienvenue en France, bienvenue à Paris. Chaleur infernale, oppression, stress et plongée immédiate dans le bain Francilien avec la première mini-agression made in Taxi. Je pourrais répondre que c’est illégal et mille autres choses mais j’ai préféré faire trois mètres de plus sans un mot et trouver un confrère plus sympatique.
Je ne peux pas habiter ailleurs qu’en région Parisienne pour plein de raisons. Professionnelles, personnelles. Je subis un peu plus chaque année le chaudron. Je suis remis direct dans l’eau bouillante en moins d’une heure, à chaque retour.
Et encore, je ne suis pas à plaindre, je sais. Moi, au moins, je pars en vacances. Loin. Où ça ne parle pas Français et où ça paye en dollars. Je fais partie des 5% des plus privilégiés. Je sais.
Sans transition.
Mon ami Éric me le répéta mille fois et je ne le comprenais pas, à l’époque : “Il faut se réjouir du bonheur d’autrui…”. Ouais. Je trouvais ça cruche et tellement pas intéressant. Je faisais semblant mais je n’en pensais pas un mot et ça devait se lire sur mon visage quand je félicitais quelqu’un. D’ailleurs, je le faisais peu et de manière très laconique tellement je trouvais ça inintéressant. J’ai commencé à m’intéresser au bonheur des autres (sous un autre angle que celui de la jalousie) quand j’ai commencé à m’aimer un peu plus. Plus mon amour-propre et mon estime de moi augmentaient et plus j’étais heureux, sincèrement, profondément quand les autres apprenaient une bonne nouvelle.
Une vraie joie contagieuse, un vrai moment de plaisir que je ressentais avec eux et que je vivais à travers eux, me réjouissant de leur joie et leur souhaitant qu’elle dure encore longtemps. Voilà un des premiers signes d’amour-propre. J’ai mis plus de quarante ans à le ressentir : il n’est jamais trop tard. Jamais.
La dame du dessous est décédée et ça m’a mis un sacré coup au moral. J’étais sur la route, entre New York et Boston quand j’ai reçu le SMS m’annonçant que son opération s’était mal déroulée. Elle n’y avait pas survécu. La dame du dessous avait 78 ans, elle acceptait toujours mes colis quand je n’étais pas chez moi pour les recevoir, elle me téléphonait régulièrement pour me donner des nouvelles de l’immeuble et je lui avais donné procuration pour qu’elle vote à ma place à la réunion de copro (l’Enfer sur Terre, ce truc). On papotait de temps en temps, je la croisais quand je partais faire mes courses, on se donnait des news, elle me laissait des messages sur le répondeur. Je la trouvais un peu agaçante à répéter sans cesse les mêmes choses mais dans le fond, je l’aimais bien, elle faisait partie du décor.
Je me suis arrêté dans une station-service (il existe peu d’aires d’autoroutes aux USA) et j’ai essayé de me détendre un peu. Je venais de conduire deux heures et la sortie de New York avait été folklo. Je ne sais pas si vous avez déjà traversé Manhattan à l’heure de pointe en direction du Washington Bridge mais c’est une sacrée expérience de conduite. Surtout quand on vous demande si vous voulez prendre la voie du haut ou celle du dessous, sur le pont. Je suis claustro, j’ai pris celle du haut. Bonne pioche, l’accident était en dessous. Sur ma gauche, on voyait tout Manhattan, les immeubles, les hélicoptères, les bateaux. J’étais crispé sur le volant et je ne comprenais pas bien pourquoi je me sentais comme ça.
J’ai mis un moment à identifier que je ressentais de la peur. À conduire. Moi ? Peur sur la route ? Mais jamais, enfin. Jamais. Avant, en tout cas. Parce que maintenant, oui. Je le mets sur le compte de la vieillesse qui arrive sournoisement mais je perds en assurance derrière mon volant. Je ne vois plus les panneaux de loin, je déboite comme une tortue, je me méfie de tout le monde et je me surprends à suer parfois quand il y a trop de monde sur les 5 voies.
J’ai été couillonné par l’ophtalmo, je l’ai écouté, je le regrette. Il m’a dit que les verres progressifs, c’était pas bien accepté par tout le monde et il m’a conseillé de prendre uniquement des dégressifs, pour voir de très près en lisant et sur l’ordi. C’était en avril. J’ai dit oui. Moralité, mi-juillet, au volant de ma bagnole US de 56 mètres de long, j’avais peur parce que je voyais mal les indications. Con de moi. Ma vue a - encore - baissé en trois mois et j’ai désormais besoin de lunettes H24.
J’étais donc comme une âme en peine dans la station-service quand ma mère a appelé pour me dire que mon père s’était cassé la gueule dans l’entrée. Comme il est sous anti-coagulants et que sa peau est un vieux parchemin plissé, il a du subir 33 points de suture sur le bras.
Ça m’a encore mis plus le blues.
J’ai soigné le mal par le mal. Quand je sens que j’ai envie de pleurer, je ne cherche surtout pas à me changer les idées. Je mets une chanteuse dépressive et je l’écoute jusqu’à en avoir marre, jusqu’au sursaut vital. Je trouve Françoise Hardy parfaite pour l’exercice. J’allais repartir dans ma voiture quand un jeune type assez propre sur lui m’a demandé si j’allais vers Boston.
Dans une autre vie, j’aurais été assez fou pour accepter mais j’ai juste répondu d’un sourire triste que je préférais être tout seul. Je n’ai pas ajouté que seuls les serial-killers ou les futurs cadavres tendaient le pouce dans ce pays mais je le pensais très fort. Il a eu l’air de lire dans mes pensées car il n’a pas insisté.
Je l’ai regardé demander à tous les clients et il a fini par monter avec un routier.
Il avait l’air très seul aussi. Peut-être aurais-je dû dire oui.
Amitiés,
William
Santé mentale, physique, bien-être. Je reçois beaucoup de mails me demandant qui aller voir, qui consulter, qui je recommande, etc.
Mon expert-comptable : la fée Florence Core-Vallet et son cabinet Filea.
Ma naturopathe, sur Paris : Stéphanie Spira, humaine, rayonnante, épatante.
🆕 Excellent acupuncteur et ostéo : Julien Bounille
Ma coach pro, sur Paris : Florence Auvray-Loney, une référence.
Se faire masser, sur Paris : Tudor et ses mains magiques…
S’offrir un tirage de vie (par téléphone) : Claudine Collit et ses fameux tirages Animaux, étonnante.
Mon (clair)voyant : Eric Perrot (pas vu depuis 2015 mais épatant quand on en a besoin)
Prendre soin de sa peau de manière 100% naturelle : Julien Kaibeck
Voilà qui répond, je l’espère à toutes vos questions.
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