Faut-il écouter son intuition ?
1996. Je suis adjoint dans une colonie de vacances du groupe XXXX. Parmi les enfants, il y a ce gamin de 6 ans, fils d’expatriés, qui pleure depuis son arrivée en se tenant le ventre. « Quel cinéma ! Chiqué ! Quel bébé ! » persiflent les moniteurs et quelques enfants. Tous ou presque fils ou filles d’expat’ qui sont passés par là et qui disent que ça endurcit d’avoir les parents au loin. C’est pas la mort non plus. Faut arrêter de jouer les bébés. Le petit devient un peu une tête de Turc et une source de plaisanteries.
Les jours passent.
Le gamin pleure tout le temps et je trouve ça louche mais on me remet sans arrêt dans les dents que je ne suis QUE élève infirmier en deuxième année et que je vois des cancers partout (ce qui est vrai !). Je fais néanmoins attention à lui, un peu plus que les autres et au passage je me prends dans les dents quelques insinuations sur la sexualité (oui, vous voyez le genre...) comme quoi je m’attache « trop » bizarrement à lui.
Je fais venir un médecin qui me juge alarmiste et me conseille de passer la main à une « vraie » infirmière (sous-entendu une femme) qui elle ne criera pas au loup pour un oui ou pour un non. Ma crédibilité est un peu entachée et je sens que je vais me prendre un rapport.
Bref. Je regarde ailleurs pendant 48h pour qu’on me foute la paix mais je ne suis pas tranquille : quelque chose me dit, en moi, que ça ne va pas.
Un jour, alors que je suis à l’infirmerie, j’entends pleurer (très très discrètement) dans le jardin derrière, à l’abri des regards. Sous un arbre, caché, sans que personne ne puisse le voir, je finis par trouver le gosse qui tient son ventre à deux mains. Et la je me dis : merde. Du cinéma ? Du chiqué ? Un gamin trop sensible ? Non. Ce n’est pas possible.
Je passe mes mains sous son dos pour le redresser : il est en nage. 40 de fièvre. Je le prends dans mes bras, je cours à la voiture et je démarre en trombe. Je me fais insulter par le directeur qui hurle alors que je passe devant lui car je n’ai pas le permis...encore...juste une douzaine d’heures de conduite. Mais je sais qu’il voudra parlementer avant d’appeler un médecin et perdre une heure que nous n’avons plus alors je prends les devants. Et tous les risques. Je passe les vitesses comme on m’a appris, je sors du domaine. Je roule comme un papy. Je sais que je ne dois pas m’arrêter. Je le sens.
Nous sommes des années avant le GPS, en pleine Dordogne, mais j’ai retenu qu’il y a un hôpital à 35 bornes. Je crois. J’en suis presque sûr avant de respirer en voyant les premiers panneaux vingt minutes plus tard. Je pile devant les urgences. Je le prends dans mes bras et je passe devant tout le monde en criant à la nana à l’accueil : c’est très grave, j’en suis sûr.
Il perd conscience quelques secondes plus tard et il est opéré d’une péritonite en urgence au bloc 45 mn après.
Le pédiatre, en sortant du bloc : « Bravo. Excellent réflexe. Tu lui as sauvé la vie.
- Personne ne me croyait…
- Il faut toujours suivre ses intuitions. En médecine, le premier stéthoscope, c’est l’estomac qui envoie des signaux au cerveau...Dans la vie aussi, d’ailleurs ! »
Sur le parking, en sortant, je tente de démarrer la voiture mais « je ne sais plus » comment on fait. Je cale. Mes genoux tremblent. La fourgonnette de la colonie arrive et je me fais insulter par le directeur qui crie que je suis fou, irresponsable, dangereux. Son adjoint me reprend les clefs et nous rentrons dans un silence de mort.
Les parents du gamin, mis au courant par l’hôpital, appellent à Paris et racontent l’histoire qui cascade de bureaux en bureaux chez XXXX avant de redescendre en Dordogne où je suis en train de me faire virer par le directeur. Tout s’arrête. On me tend le téléphone : la mère du gamin pleure et pleure et pleure et me remercie. Je ne dis rien. Soudain plus personne ne me reproche d’avoir pris un risque.
C’est la première fois de ma vie que je « comprends » une situation dans mon corps avant ma tête. C’est la première fois de ma vie que je « sais » ce qui va se passer si je ne fais rien. La même semaine, je tombe sur cette phrase dans mon magazine anglais Q : Better say sorry than ask for permission.
J’en fais ma devise.
Je me trompe rarement. Hélas. Je sens les gens, les choses, les situations. J’aimerais pouvoir vous dire que je n’ai pas la science infuse dans ce domaine mais les faits sont têtus : quand je “sens” qu’une personne n’est pas bien intentionnée, ça finit toujours pas se vérifier.
Je n’écoute pas mon intuition uniquement dans deux cas : quand le type est très beau (la beauté brouille mon radar) ou quand j’ai bu de l’alcool. Comme je suis pompette après un verre, j’évite de tirer des conclusions sur ce que je pense de la vie.
Et vous ?
PS à mon amoureux : je t’aime, je sais que tu ne lis pas ma newsletter donc tu ne verras pas ce message. Tu es le plus beau.
Santé mentale, physique, bien-être. Je reçois beaucoup de mails me demandant qui aller voir, qui consulter, qui je recommande, etc.
Mon expert-comptable : la fée Florence Core-Vallet et son cabinet Filea.
Ma naturopathe, sur Paris : Stéphanie Spira, humaine, rayonnante, épatante.
🆕 Excellent acupuncteur et ostéo : Julien Bounille
Ma coach pro, sur Paris : Florence Auvray-Loney, une référence.
Se faire masser, sur Paris : Tudor et ses mains magiques…
S’offrir un tirage de vie (par téléphone) : Claudine Collit et ses fameux tirages Animaux, étonnante.
Mon (clair)voyant : Eric Perrot (pas vu depuis 2015 mais épatant quand on en a besoin)
Prendre soin de sa peau de manière 100% naturelle : Julien Kaibeck
Voilà qui répond, je l’espère à toutes vos questions.
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“By contrast, surely few readers of this newsletter need me to clarify that it isn’t written by someone who’s Sorted His Life Out Completely and is now magnanimously offering to guide others toward a similarly flawless existence. If anything, it’s the opposite. “You teach best what you most need to learn,” as the author Richard Bach famously put it. You’re drawn to the subjects you struggle with because you struggle with them – because the stakes feel high to you, so you’re motivated to try to puzzle out some solutions.